Après les élections présidentielles du 7 octobre, que Chavez devait perdre parce que "80% de la population était sous le seuil de pauvreté" (France 2) et les libertés muselées, l’intérêt médiatique est soudain retombé. Chavez le démagogue a malheureusement gagné, et l’opposition, toujours aussi haineuse, a même dû reconnaître l’efficacité et la fiabilité du système électoral, après avoir hurlé pendant des mois, avec BHL, Adler, "El Pais", la plupart des "médias libres" français et espagnols, à la fraude programmée...
Désormais, la chape chaviste serait retombée sur ce pauvre peuple victime d’un "populisme" qui fait reculer la pauvreté et les inégalités...D’où le silence momentané du latifundium médiatique .
Et pourtant, pour des médias dignes de ce nom, c’est le moment ou jamais de braquer les projecteurs sur le Venezuela.
En général, dans la plupart des pays, les programmes gouvernementaux sont élaborés par les politiques, et/ou leurs énarques, puis soumis à ratification par le Parlement. Dans des pays qui se donnent en modèle de démocratie, des traités qui aliènent la souveraineté nationale et verrouillent l’avenir, sont adoptés sans consultation populaire. On appelle cela non pas un "coup d’Etat" mais une "démocratie représentative" : le nec plus ultra de la démocratie. Or, il se trouve qu’au Venezuela des "mecs" encore plus extras, considèrent que ce n’est que délégation de pouvoir et caricature de démocratie...
Depuis plusieurs semaines en effet les dirigeants vénézuéliens ont soumis au forum, à l’agora populaire, l’examen du "Second plan socialiste de développement de la nation 2013-2019". Et ça marche. Assis en cercle dans les parcs et places, en assemblées ou ateliers dans les universités, les entreprises, les quartiers, dans des "lieux permanents" de dialogue... chacun y va de ses critiques, de ses propositions. Les échanges sont vifs... Ce débat national est considéré par les autorités comme un "processus constituant".
Un système sophistiqué a été mis en place pour recueillir et faire la synthèse des milliers de critiques, amendements, suggestions, avant la fin de l’année. Il reviendra ensuite aux élus, aux institutions, de les fondre dans le projet initial. L’enjeu est de taille ; la révolution bolivarienne veut opérer un saut qualitatif et accélérer le processus de transformation "socialiste" en cours. On sait que le socialisme ne se décrète pas ; Chavez en fit la malheureuse expérience lorsqu’il proposa une modification de la Constitution pour l’y inscrire, qui s’est soldée par un revers électoral.
C’est dans ce contexte de bouillonnement démocratique qu’auront lieu, le 16 décembre, des élections pour élire les gouverneurs des Etats.
Depuis les présidentielles, l’opposition, dont il convient de répéter que la principale force est le parti social démocrate Action Démocratique (AD), a la gueule de bois. L’unité de façade s’est fracturée suite à la déroute électorale, aux désillusions engendrées par un triomphalisme excessif. Capriles, qui appartient, rappelons-le, au parti de droite dure "Primero justicia", est retourné gouverner son Etat de Miranda, où l’insécurité bat des records. Les élections du 16 y seront un test important. Le chavisme lui oppose l’ex-vice-président, Elias Jaua, candidat de poids, remplacé dans son ancienne fonction par l’ex-ministre des Affaires Etrangères, Nicolas Maduro.
Dans les cinq Etats gouvernés par l’opposition (Zulia, Tachira, Miranda, Lara, Carabobo), la lutte devrait être serrée. Le peuple reproche souvent aux gouverneurs des phénomènes de corruption, de clientélisme. Dans l’Etat de Lara, un ancien chaviste, José Falcon Fuentes, qui a depuis longtemps viré sa cuti, se présente avec le soutien de l’opposition contre le candidat chaviste. L’opposition n’a pas réussi à présenter partout des candidatures communes. Les candidats chavistes sont soutenus par les 15 partis du "Pôle patriotique". En revanche, le "comando Venezuela" de la campagne présidentielle de l’opposition s’est disloqué.
Ces élections sont très politiques, et devraient permettre de prendre la mesure des avancées révolutionnaires. Les candidats chavistes ne pourront bénéficier ni du charisme, ni du quotient personnel du "Comandante". Des résultats électoraux dépendront le rythme et la profondeur de la transformation "socialiste" du pays.
Jean Ortiz
Et pourtant, pour des médias dignes de ce nom, c’est le moment ou jamais de braquer les projecteurs sur le Venezuela.
En général, dans la plupart des pays, les programmes gouvernementaux sont élaborés par les politiques, et/ou leurs énarques, puis soumis à ratification par le Parlement. Dans des pays qui se donnent en modèle de démocratie, des traités qui aliènent la souveraineté nationale et verrouillent l’avenir, sont adoptés sans consultation populaire. On appelle cela non pas un "coup d’Etat" mais une "démocratie représentative" : le nec plus ultra de la démocratie. Or, il se trouve qu’au Venezuela des "mecs" encore plus extras, considèrent que ce n’est que délégation de pouvoir et caricature de démocratie...
Depuis plusieurs semaines en effet les dirigeants vénézuéliens ont soumis au forum, à l’agora populaire, l’examen du "Second plan socialiste de développement de la nation 2013-2019". Et ça marche. Assis en cercle dans les parcs et places, en assemblées ou ateliers dans les universités, les entreprises, les quartiers, dans des "lieux permanents" de dialogue... chacun y va de ses critiques, de ses propositions. Les échanges sont vifs... Ce débat national est considéré par les autorités comme un "processus constituant".
Un système sophistiqué a été mis en place pour recueillir et faire la synthèse des milliers de critiques, amendements, suggestions, avant la fin de l’année. Il reviendra ensuite aux élus, aux institutions, de les fondre dans le projet initial. L’enjeu est de taille ; la révolution bolivarienne veut opérer un saut qualitatif et accélérer le processus de transformation "socialiste" en cours. On sait que le socialisme ne se décrète pas ; Chavez en fit la malheureuse expérience lorsqu’il proposa une modification de la Constitution pour l’y inscrire, qui s’est soldée par un revers électoral.
C’est dans ce contexte de bouillonnement démocratique qu’auront lieu, le 16 décembre, des élections pour élire les gouverneurs des Etats.
Depuis les présidentielles, l’opposition, dont il convient de répéter que la principale force est le parti social démocrate Action Démocratique (AD), a la gueule de bois. L’unité de façade s’est fracturée suite à la déroute électorale, aux désillusions engendrées par un triomphalisme excessif. Capriles, qui appartient, rappelons-le, au parti de droite dure "Primero justicia", est retourné gouverner son Etat de Miranda, où l’insécurité bat des records. Les élections du 16 y seront un test important. Le chavisme lui oppose l’ex-vice-président, Elias Jaua, candidat de poids, remplacé dans son ancienne fonction par l’ex-ministre des Affaires Etrangères, Nicolas Maduro.
Dans les cinq Etats gouvernés par l’opposition (Zulia, Tachira, Miranda, Lara, Carabobo), la lutte devrait être serrée. Le peuple reproche souvent aux gouverneurs des phénomènes de corruption, de clientélisme. Dans l’Etat de Lara, un ancien chaviste, José Falcon Fuentes, qui a depuis longtemps viré sa cuti, se présente avec le soutien de l’opposition contre le candidat chaviste. L’opposition n’a pas réussi à présenter partout des candidatures communes. Les candidats chavistes sont soutenus par les 15 partis du "Pôle patriotique". En revanche, le "comando Venezuela" de la campagne présidentielle de l’opposition s’est disloqué.
Ces élections sont très politiques, et devraient permettre de prendre la mesure des avancées révolutionnaires. Les candidats chavistes ne pourront bénéficier ni du charisme, ni du quotient personnel du "Comandante". Des résultats électoraux dépendront le rythme et la profondeur de la transformation "socialiste" du pays.
Jean Ortiz