3 ) Des interrogations certes, mais des émotions surtout
Dans cette période où tout possède une fonction et une utilité, la vieille toile ne se jette pas et, les Rad Kabann sont aussi un réservoir de tissus pour fabriquer des torchons destinés à essuyer les meubles et la vaisselle, des shorts et autres robes de maison pour les plus petits, des culottes et autres sous-vêtements, des bandes hygiéniques pour les jeunes filles ayant leurs menstruations. Les Rad Kabann sont donc, jusqu’aux années 70 et, peut être même au-delà, une valeur ajoutée, une ressource qui en dehors de sa qualité émotionnelle permet une meilleure survie et devient le garant de l’absence de manque.
Les Rad Kabann, à mesure de l’évolution sociale de l’ensemble des Martiniquais, vont peu à peu et surtout dans les classes moyennes se glisser sous les matelas, en strates chronologiques: chaque année, chaque enfant posant tour à tour sa marque, celle d’une mode, d’une pratique, le tissu ou vêtement usagé, délaissé devenant le témoin de l’existence d’un être disparu, la vitrine d’une minceur passée, d’un amour perdu ou d’une tragédie.
Les Rad Kabann, à mesure de l’évolution sociale de l’ensemble des Martiniquais, vont peu à peu et surtout dans les classes moyennes se glisser sous les matelas, en strates chronologiques: chaque année, chaque enfant posant tour à tour sa marque, celle d’une mode, d’une pratique, le tissu ou vêtement usagé, délaissé devenant le témoin de l’existence d’un être disparu, la vitrine d’une minceur passée, d’un amour perdu ou d’une tragédie.