Le Naïf - Un ouvrage sur Camille Darsières pourquoi ?
EdL - C’est un hommage tardif à un copain qui mérite infiniment mieux que cela. J’avais entrepris d’écrire cet hommage quelques jours après sa mort.
J’avais fait au Bureau Politique du PPM un certain nombre de propositions de nature à pérenniser la mémoire d’un homme qui a beaucoup donné à Césaire, à son parti, à son pays et qui ne me semble pas avoir reçu en retour la reconnaissance qu’il eut été en droit d’en attendre.
Il se trouve que depuis sa mort nous avons été pris dans une sorte de tourbillon de préoccupations immédiates, élections présidentielles puis législatives en 2007, puis municipales et cantonales en 2008. Sans parler des dernières péripéties de la crise qui a abouti à la scission de 2007.
Le Naïf -Faut-il penser que son action politique soit déjà passé dans l'oubli ?
EdL -Je ne le crois pas. Mais la mémoire collective enregistre rarement spontanément les aspects les plus marquants d’une vie militante. Il faut nourrir cette mémoire. Il faut faire un travail d’historien c’est-à-dire de recherches et d’analyses qui font reculer les ravages de l’oubli. Camille qui comprenait parfaitement ce besoin d’histoire qui est au coeur de toute action politique en profondeur, n’a malheureusement pas laissé, à ma connaissance du moins, de notes pouvant aider à une biographie satisfaisante du moins dans un avenir immédiat. Mais j’y pense.
Le Naïf La question Nationale dans son action politique a-t-elle progressé ?
EdL - Je pense très sincèrement que oui même si je n’ai pas été toujours d’accord avec lui sur cette question. Je continue de croire ce que j’ai écrit il y a très longtemps déjà que le mérite historique de Césaire a été d’imaginer et de créer un parti nationaliste sans nationalistes.
Camille est à mon avis celui qui a su d’abord apprendre, sur le tas, tout seul, le b a ba du nationalisme et, plus tard, accueillir dans les meilleures conditions les jeunes militants nationalistes venus de l’AGEM et de l’OJAM, en premier lieu Rodolphe Désiré, mais aussi Renaud de Grandmaison, Voustad, Charles Sainte Claire.
Plus tard, mais assez rapidement, il a su transformer en militants nationalistes de vieux militants communistes formés à la fédération communiste du PCF à une époque où le nationalisme était pour le moins suspect quand il n’était pas considéré comme une maladie contagieuse.
Le Naïf. En quittant le Secrétariat Génération n'a-t-il pas pas provoqué volontairement une réorganisation autour de ses fidèles ?
EdL - Je ne comprends pas la question. Je ne pense pas que Camille ait jamais eu ce genre de préoccupation.
Le Naïf - Plusieurs décennies de mot d'ordre Autonomie et toujours le cadre assimilationniste qui régit la pays,le PPM Césaire-Darsières a-t-il échoué ?
EdL - Certainement pas. Les choses ont été plus lentement que ne le pensait Césaire. Le PPM a certainement fait des erreurs comme tous les partis politiques., À mon avis il en a fait beaucoup moins que d’autres. Il les a surtout corrigées beaucoup plus vite que les autres n’ont corrigé les leurs.
Quand je jette un coup d’œil au rétroviseur, quand je compare la situation de ce pays à celles d’autres qui nous ont fait rêver et qui font encore rêver hélas quelques uns de mes amis, je me dis que, tout comptes faits et quelles que soient les difficultés actuelles ou à venir, le PPM de Cesaire et de Camille Darsières n’a pas à rougir de ce qu’il a fait. Au contraire.
Ce qui ne veut pas dire qu’il garde les yeux rivés au rétroviseur. S’il ne peut pas encore toiser l’avenir avec l’insolence que prophétisait Césaire, il y a près de quarante ans, il ne craint plus les difficultés. Il peut déjà faire sien le mot de Léon Blum : « si les difficultés des partis politiques grandissent avec leurs responsabilités et leurs responsabilités avec leur puissance, bienvenues soient les difficultés ! »
Le Naïf - Vous Edouard Delépine pourquoi vous êtes vous retiré de la vie politique du Parti des lors où vous n'avez plus de mandat politique ?
EdL - De toute les sottises que j’ai faites, en 64 ans de vie politique active, ce n’est heureusement pas la plus importante. Je n’ai d’ailleurs pas abandonné le Parti. Je continue de travailler à un rythme qui n’a rien à voir avec celui que je pouvais avoir il y a vingt ou trente ans.
Il me semble que je peux servir autrement ce parti. Je raconte dans ce livre comment j’ai proposé à Camille, à la veille des régionales de 1998, de passer la main et de nous consacrer à un travail qui me paraît aussi nécessaire que l’action politique : contribuer à écrire l’histoire du pays, en nous attaquant à quelques grandes biographies, Césaire bien sûr mais aussi Victor Sévère, Deproge, Hurard etc.
Je crois que cela aurait pu être un bon travail. J’espère bien y intéresser deux ou trois jeunes gens, en commençant par une bonne bio de Camille.Voire même ,un militant comme toi par exemple. Chiche ?
Le Naïf - Le Congrès bientôt, répétez pas de chatansak ?
EdL - C’est une fumisterie et c’était largement prévisible. Cela m’a permis de revoir un certain nombre de textes dont j’avais envisagé de faire un livre au lendemain du dimanche noir des ouiouiste, le 7 décembre 2003.
Je vais le reprendre et le publier très prochainement sous le titre Sur la question dite du statut de la Martinique.
Le Naïf peut-il avoir l’audace de défier les deux tourtereaux du congrès « qu’on ne saurait séparer même à grands coups de bâtons »(Mao Tsé Toung), en publiant, en bonnes feuilles, l’introduction ou l’avant-propos qui expliquent pourquoi les conclusions de ce dernier congrès m’ont paru mériter une réponse immédiate même incomplète ?
b[b[NDLR.Par le Naïf la Pawol circule.Introduction éditée dans même rubrique sous le titre Alfred -Marie Jeanne et Claude Lise. Bien entendu toutes les réponses à ce texte seront publiées.]b
Tous les commentaires également dans le respect des règles du débat.
Adresser réponses au lenaïfmag@orange.fr
EdL - C’est un hommage tardif à un copain qui mérite infiniment mieux que cela. J’avais entrepris d’écrire cet hommage quelques jours après sa mort.
J’avais fait au Bureau Politique du PPM un certain nombre de propositions de nature à pérenniser la mémoire d’un homme qui a beaucoup donné à Césaire, à son parti, à son pays et qui ne me semble pas avoir reçu en retour la reconnaissance qu’il eut été en droit d’en attendre.
Il se trouve que depuis sa mort nous avons été pris dans une sorte de tourbillon de préoccupations immédiates, élections présidentielles puis législatives en 2007, puis municipales et cantonales en 2008. Sans parler des dernières péripéties de la crise qui a abouti à la scission de 2007.
Le Naïf -Faut-il penser que son action politique soit déjà passé dans l'oubli ?
EdL -Je ne le crois pas. Mais la mémoire collective enregistre rarement spontanément les aspects les plus marquants d’une vie militante. Il faut nourrir cette mémoire. Il faut faire un travail d’historien c’est-à-dire de recherches et d’analyses qui font reculer les ravages de l’oubli. Camille qui comprenait parfaitement ce besoin d’histoire qui est au coeur de toute action politique en profondeur, n’a malheureusement pas laissé, à ma connaissance du moins, de notes pouvant aider à une biographie satisfaisante du moins dans un avenir immédiat. Mais j’y pense.
Le Naïf La question Nationale dans son action politique a-t-elle progressé ?
EdL - Je pense très sincèrement que oui même si je n’ai pas été toujours d’accord avec lui sur cette question. Je continue de croire ce que j’ai écrit il y a très longtemps déjà que le mérite historique de Césaire a été d’imaginer et de créer un parti nationaliste sans nationalistes.
Camille est à mon avis celui qui a su d’abord apprendre, sur le tas, tout seul, le b a ba du nationalisme et, plus tard, accueillir dans les meilleures conditions les jeunes militants nationalistes venus de l’AGEM et de l’OJAM, en premier lieu Rodolphe Désiré, mais aussi Renaud de Grandmaison, Voustad, Charles Sainte Claire.
Plus tard, mais assez rapidement, il a su transformer en militants nationalistes de vieux militants communistes formés à la fédération communiste du PCF à une époque où le nationalisme était pour le moins suspect quand il n’était pas considéré comme une maladie contagieuse.
Le Naïf. En quittant le Secrétariat Génération n'a-t-il pas pas provoqué volontairement une réorganisation autour de ses fidèles ?
EdL - Je ne comprends pas la question. Je ne pense pas que Camille ait jamais eu ce genre de préoccupation.
Le Naïf - Plusieurs décennies de mot d'ordre Autonomie et toujours le cadre assimilationniste qui régit la pays,le PPM Césaire-Darsières a-t-il échoué ?
EdL - Certainement pas. Les choses ont été plus lentement que ne le pensait Césaire. Le PPM a certainement fait des erreurs comme tous les partis politiques., À mon avis il en a fait beaucoup moins que d’autres. Il les a surtout corrigées beaucoup plus vite que les autres n’ont corrigé les leurs.
Quand je jette un coup d’œil au rétroviseur, quand je compare la situation de ce pays à celles d’autres qui nous ont fait rêver et qui font encore rêver hélas quelques uns de mes amis, je me dis que, tout comptes faits et quelles que soient les difficultés actuelles ou à venir, le PPM de Cesaire et de Camille Darsières n’a pas à rougir de ce qu’il a fait. Au contraire.
Ce qui ne veut pas dire qu’il garde les yeux rivés au rétroviseur. S’il ne peut pas encore toiser l’avenir avec l’insolence que prophétisait Césaire, il y a près de quarante ans, il ne craint plus les difficultés. Il peut déjà faire sien le mot de Léon Blum : « si les difficultés des partis politiques grandissent avec leurs responsabilités et leurs responsabilités avec leur puissance, bienvenues soient les difficultés ! »
Le Naïf - Vous Edouard Delépine pourquoi vous êtes vous retiré de la vie politique du Parti des lors où vous n'avez plus de mandat politique ?
EdL - De toute les sottises que j’ai faites, en 64 ans de vie politique active, ce n’est heureusement pas la plus importante. Je n’ai d’ailleurs pas abandonné le Parti. Je continue de travailler à un rythme qui n’a rien à voir avec celui que je pouvais avoir il y a vingt ou trente ans.
Il me semble que je peux servir autrement ce parti. Je raconte dans ce livre comment j’ai proposé à Camille, à la veille des régionales de 1998, de passer la main et de nous consacrer à un travail qui me paraît aussi nécessaire que l’action politique : contribuer à écrire l’histoire du pays, en nous attaquant à quelques grandes biographies, Césaire bien sûr mais aussi Victor Sévère, Deproge, Hurard etc.
Je crois que cela aurait pu être un bon travail. J’espère bien y intéresser deux ou trois jeunes gens, en commençant par une bonne bio de Camille.Voire même ,un militant comme toi par exemple. Chiche ?
Le Naïf - Le Congrès bientôt, répétez pas de chatansak ?
EdL - C’est une fumisterie et c’était largement prévisible. Cela m’a permis de revoir un certain nombre de textes dont j’avais envisagé de faire un livre au lendemain du dimanche noir des ouiouiste, le 7 décembre 2003.
Je vais le reprendre et le publier très prochainement sous le titre Sur la question dite du statut de la Martinique.
Le Naïf peut-il avoir l’audace de défier les deux tourtereaux du congrès « qu’on ne saurait séparer même à grands coups de bâtons »(Mao Tsé Toung), en publiant, en bonnes feuilles, l’introduction ou l’avant-propos qui expliquent pourquoi les conclusions de ce dernier congrès m’ont paru mériter une réponse immédiate même incomplète ?
b[b[NDLR.Par le Naïf la Pawol circule.Introduction éditée dans même rubrique sous le titre Alfred -Marie Jeanne et Claude Lise. Bien entendu toutes les réponses à ce texte seront publiées.]b
Tous les commentaires également dans le respect des règles du débat.
Adresser réponses au lenaïfmag@orange.fr