Mon émotion est grande en ce jour. Bien plus qu’un brillant Avocat, qu’un excellent Magistrat ou qu’un grand homme Politique, la Martinique vient de perdre l’un de ceux qui illustrent des valeurs qui lui font tant défaut aujourd’hui. Notre Maître VALERE reste dans ma mémoire un homme d’exemplarité qui pouvait à la fois défendre avec force ses convictions, tout en respectant la personne humaine. Il avait sans doute été d’autant plus meurtri par les attaques ad hominem dont il avait fait l’objet qu’il affrontait avec conviction, sur le terrain des idées politiques, un autre grand Martiniquais qu’il tenait en très haute estime et considérait avec respect.

J’ai beaucoup appris de nos conversations. Son intelligence, sa culture et sa tolérance m’ont profondément marqué.

J’ai toujours regretté que les Martiniquais ne lui aient pas donné l’opportunité de servir son Pays autant qu’il aurait voulu et mérité de le faire. Arrivé face à un autre Monument historique il a surtout été vaincu par un système qui l’a broyé, sans pour autant éteindre la flamme qu’il avait allumée. Une flamme faite de mesure, d’attachement à son Pays, de confiance dans les valeurs de la République mais surtout d’amour et de fraternité. Ayant subi la haine et l’intolérance, il savait mieux que d’autres à quel point le vrai combat politique commande de respecter ses opposants et de ne voir dans la quête du pouvoir que la recherche des moyens à mettre au service des autres.

J’ai perdu celui que j’appelais Parrain depuis qu’il m’avait fait l’honneur de me remettre une décoration que je tenais à recevoir de ses mains.

J’ai perdu un ami que j’écoutais avec respect et affection.

J’ai perdu un père, un frère comme tous les Martiniquais.

Ne pleurons pas notre passé car il a fait naître par son engagement une espérance que notre Pays doit garder entière d’une Martinique fière, forte, rassemblée et confiante en ses capacités.

Merci mon Maître, tu as marqué mon enfance et, plus tard, guidé mon engagement au service de mon Pays.
Je repense à toi avec affection et je voudrais que la Martinique mesure l’immensité de celui qu’elle vient de perdre à l’aune de sa grande modestie.
À toute sa famille j’adresse mes sincères condoléances, avec une pensée particulière pour son inséparable compagne qui désormais sera ma « Marraine ».



Yan MONPLAISIR

09 février 2018