VOICI LA PRÉSENTATION DE CE RAPPORT
Le tourisme en outre-mer : un indispensable sursaut
Développé depuis une cinquantaine d’années, le tourisme représente un levier de croissance pour les économies insulaire d’outremer qui, le plus souvent, connaissent un chômage élevé225. Or, si ce
secteur a connu une expansion durant la décennie 90, il est en crise depuis le début des années 2000.
L’importance du secteur touristique dans les économies d’outremer a ainsi conduit les chambres régionales et territoriales des comptes à engager un contrôle des politiques touristiques conduites par les principaux acteurs locaux sur la période 2006-2012 dans trois départements – la Guadeloupe, la Martinique et La Réunion – et en Polynésie française, où le tourisme est un atout fondamental eu égard
aux caractéristiques économiques et à l’importance de la population226 . Il ressort de ces contrôles que
le dynamisme des îles concurrentes relativise la portée des explications qui rendent la crise économique internationale responsable de cette situation. La cause est davantage à rechercher dans les difficultés structurelles de l’outre-mer, en particulier des interventions peu dynamiques des collectivités et, de façon générale, une action publique souvent inefficace.
Télécharger ce rapport et bonne lecture
Développé depuis une cinquantaine d’années, le tourisme représente un levier de croissance pour les économies insulaire d’outremer qui, le plus souvent, connaissent un chômage élevé225. Or, si ce
secteur a connu une expansion durant la décennie 90, il est en crise depuis le début des années 2000.
L’importance du secteur touristique dans les économies d’outremer a ainsi conduit les chambres régionales et territoriales des comptes à engager un contrôle des politiques touristiques conduites par les principaux acteurs locaux sur la période 2006-2012 dans trois départements – la Guadeloupe, la Martinique et La Réunion – et en Polynésie française, où le tourisme est un atout fondamental eu égard
aux caractéristiques économiques et à l’importance de la population226 . Il ressort de ces contrôles que
le dynamisme des îles concurrentes relativise la portée des explications qui rendent la crise économique internationale responsable de cette situation. La cause est davantage à rechercher dans les difficultés structurelles de l’outre-mer, en particulier des interventions peu dynamiques des collectivités et, de façon générale, une action publique souvent inefficace.
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Réaction de la réunion au rapport de la cour des comptes.
Tourisme: La Cour des comptes "déconnectée des réalités du territoire"
Il y a deux jours, la Cour de comptes a épinglé, dans son rapport 2014, le tourisme dans les Outre-mer. Les magistrats de la Cour ont estimé que les politiques publiques menées par les collectivités locales ont été "inefficaces". A la Réunion, la Région, en charge du secteur touristique, a décidé de riposter. Son président, Didier Robert, dénonce un rapport à charge uniquement orienté dans le but de supprimer la défiscalisation dans les DOM.
Le rapport de la Cour des comptes passe mal du côté de la Région. Au point de provoquer une conférence de presse dans un hôtel de Saint-Denis. Dans leur rapport, les magistrats de la Cour des comptes ont pointé l'inefficacité des politiques publiques menées par les collectivités locales d'Outre-mer dans le secteur touristique.
Entouré des représentants de l'IRT, des Iles Vanille et du Comité expert tourisme, le président de Région, Didier Robert, a voulu donner sa vision du marché touristique à la Réunion. "Le tourisme à la Réunion représente plus de 9.000 emplois et 350 millions d'euros de chiffre d'affaires. Un secteur unanimement reconnu par les acteurs publics et privés avec un fort potentiel de développement", explique Didier Robert, président de la Région Réunion. Loin des considérations de certains magistrats.
Pour la Région, la stratégie touristique déployée par la collectivité dès 2010 ne peut être "remise en cause". S'il avoue quelques "réajustements" nécessaires au sein de la politique menée par la Région, Didier Robert est clair. "Notre but a été d'améliorer et renforcer l'offre touristique (…). C'est ce qui a été posé depuis 2010. Mais je me refuse de manière claire et nette à remettre en cause cette stratégie. On ne va pas changer de cap et de politique tous les deux ans car certains interlocuteurs se sentent plus avisés que d'autres", lâche Didier Robert.
Mettre fin à la défiscalisation ?
Très critique, le président de Région ne voit qu'un seul but dans la rédaction de ce rapport de la Cour des comptes, mettre fin à la défiscalisation ou "loi Girardin" dans les Outre-mer.
"Nous ne sommes pas dupes de la manoeuvre. Le premier objectif de ce rapport est de pointer du doigt et remettre en question la défiscalisation en Outre-mer. Ce gouvernement, par principe, est opposé à la défiscalisation en Outre-mer. Victorin Lurel (Ministre des Outre-mer ndlr) s'y est clairement opposé", poursuit Didier Robert. Une remise en cause qui aurait un "impact négatif" sur l'ensemble de la région. "Il y a une nécessité de faire front commun", ajoute le directeur général des Iles Vanille, Pascal Viroleau.
Si la défiscalisation est une nécessité pour la continuité des investissements touristiques à la Réunion, Didier Robert propose d'en revoir les contours. "Il ne faut plus que Bercy donne les agréments fiscaux, mais qu'ils soient donnés localement. Le préfet de la Réunion et ses services fiscaux peuvent très bien avoir cette compétence", précise-t-il.
Bercy bloque des projets
Didier Robert prend plusieurs exemples concrets de l'inaction des politiques publiques menées par l'Etat, et non les collectivités locales, en matière d'investissement dans le secteur du tourisme. "Aujourd'hui, on nous dit que la venue de 600.000 touristes à l'horizon 2015 est impossible, notamment en raison de la faiblesse du nombre de chambres (…). Mais moi je vois des points de blocage aujourd'hui. D'une part la lenteur administrative organisée par Bercy. Sur 10 projets qui ont besoin d'un agrément fiscal, six sont en attentes. Ce qui fait 196 chambres non ouvertes et 78 emplois non créés. Qui est responsable ? L'Etat qui bloque les dossiers", lance Didier Robert. Dans le rapport de la Cour des comptes, les magistrats indiquent que les subventions régionales ont permis la construction de 117 chambres, loin des 1.000 annoncées. Didier Robert s'inscrit en faux. "548 chambres ont été créées et 285 chambres ont été rénovées", souligne-t-il.
Autre problème soulevé par le président de Région, la disponibilité du foncier à la Réunion. "Il ne s'agit pas seulement d'accompagner mais où construit-on les hôtels ? Sur la côte Ouest, l'Etat est propriétaire de 10 hectares de terrains en friche, que l'on considère comme mal utilisés (…). L'Etat peut balayer devant sa porte", explique Didier Robert. "Comment accélérer dans ce département sur la question de la capacité d'hébergement si l'Etat reste campé sur ses terrains et Bercy bloque les projets d'investissements ?", s'interroge-t-il.
"La crainte de voir un chinois prendre racine dans les hauteurs de Mafate"
Sur la question des visas, Didier Robert tire à boulet rouge sur les magistrats de la Cour des comptes. "Notre destination est trop dépendante du marché métropolitain. C'est vrai. Mais qui est responsable de la politique de visa ? Qui est responsable des entrées sur le territoire ? Il est quasiment impossible pour un Chinois et un Indien de rentrer dans le département. Cela fait des années que les acteurs locaux se battent sur ce dossier. Mais on nous demande gentiment de regarder ailleurs, car on la crainte de voir un Chinois prendre racine dans les hauteurs de Mafate. Qui est responsable ?", lance-t-il. Exemple avancé sur l'assouplissement des visas, la progression de touristes sud-africains (+33%) dispensés de visa pour venir à la Réunion, selon la Région.
Tour à tour, le président de Région évoque la gestion de la crise du chikungunya, requin, les conditions d'occupation du domaine maritime et des hauts ou encore la réglementation du Parc national. Dans tous les cas, le seul responsable du blocage ou de la mauvaise gestion des dossiers est l'Etat.
"Nous allons continuer à amplifier nos actions et démultiplier les moyens sur la base des stratégies de 2010 dans le secteur du tourisme. Je ne changerai pas une ligne, ni un axe de travail. Je ne me laisserai jamais dicter faits et gestes par de beaux penseurs qui se posent en donneurs de leçons et qui sont totalement déconnectés des réalités du territoire", conclut Didier Robert.
Jeudi 13 Février 2014 - 14:27
Julien Delarue
Il y a deux jours, la Cour de comptes a épinglé, dans son rapport 2014, le tourisme dans les Outre-mer. Les magistrats de la Cour ont estimé que les politiques publiques menées par les collectivités locales ont été "inefficaces". A la Réunion, la Région, en charge du secteur touristique, a décidé de riposter. Son président, Didier Robert, dénonce un rapport à charge uniquement orienté dans le but de supprimer la défiscalisation dans les DOM.
Le rapport de la Cour des comptes passe mal du côté de la Région. Au point de provoquer une conférence de presse dans un hôtel de Saint-Denis. Dans leur rapport, les magistrats de la Cour des comptes ont pointé l'inefficacité des politiques publiques menées par les collectivités locales d'Outre-mer dans le secteur touristique.
Entouré des représentants de l'IRT, des Iles Vanille et du Comité expert tourisme, le président de Région, Didier Robert, a voulu donner sa vision du marché touristique à la Réunion. "Le tourisme à la Réunion représente plus de 9.000 emplois et 350 millions d'euros de chiffre d'affaires. Un secteur unanimement reconnu par les acteurs publics et privés avec un fort potentiel de développement", explique Didier Robert, président de la Région Réunion. Loin des considérations de certains magistrats.
Pour la Région, la stratégie touristique déployée par la collectivité dès 2010 ne peut être "remise en cause". S'il avoue quelques "réajustements" nécessaires au sein de la politique menée par la Région, Didier Robert est clair. "Notre but a été d'améliorer et renforcer l'offre touristique (…). C'est ce qui a été posé depuis 2010. Mais je me refuse de manière claire et nette à remettre en cause cette stratégie. On ne va pas changer de cap et de politique tous les deux ans car certains interlocuteurs se sentent plus avisés que d'autres", lâche Didier Robert.
Mettre fin à la défiscalisation ?
Très critique, le président de Région ne voit qu'un seul but dans la rédaction de ce rapport de la Cour des comptes, mettre fin à la défiscalisation ou "loi Girardin" dans les Outre-mer.
"Nous ne sommes pas dupes de la manoeuvre. Le premier objectif de ce rapport est de pointer du doigt et remettre en question la défiscalisation en Outre-mer. Ce gouvernement, par principe, est opposé à la défiscalisation en Outre-mer. Victorin Lurel (Ministre des Outre-mer ndlr) s'y est clairement opposé", poursuit Didier Robert. Une remise en cause qui aurait un "impact négatif" sur l'ensemble de la région. "Il y a une nécessité de faire front commun", ajoute le directeur général des Iles Vanille, Pascal Viroleau.
Si la défiscalisation est une nécessité pour la continuité des investissements touristiques à la Réunion, Didier Robert propose d'en revoir les contours. "Il ne faut plus que Bercy donne les agréments fiscaux, mais qu'ils soient donnés localement. Le préfet de la Réunion et ses services fiscaux peuvent très bien avoir cette compétence", précise-t-il.
Bercy bloque des projets
Didier Robert prend plusieurs exemples concrets de l'inaction des politiques publiques menées par l'Etat, et non les collectivités locales, en matière d'investissement dans le secteur du tourisme. "Aujourd'hui, on nous dit que la venue de 600.000 touristes à l'horizon 2015 est impossible, notamment en raison de la faiblesse du nombre de chambres (…). Mais moi je vois des points de blocage aujourd'hui. D'une part la lenteur administrative organisée par Bercy. Sur 10 projets qui ont besoin d'un agrément fiscal, six sont en attentes. Ce qui fait 196 chambres non ouvertes et 78 emplois non créés. Qui est responsable ? L'Etat qui bloque les dossiers", lance Didier Robert. Dans le rapport de la Cour des comptes, les magistrats indiquent que les subventions régionales ont permis la construction de 117 chambres, loin des 1.000 annoncées. Didier Robert s'inscrit en faux. "548 chambres ont été créées et 285 chambres ont été rénovées", souligne-t-il.
Autre problème soulevé par le président de Région, la disponibilité du foncier à la Réunion. "Il ne s'agit pas seulement d'accompagner mais où construit-on les hôtels ? Sur la côte Ouest, l'Etat est propriétaire de 10 hectares de terrains en friche, que l'on considère comme mal utilisés (…). L'Etat peut balayer devant sa porte", explique Didier Robert. "Comment accélérer dans ce département sur la question de la capacité d'hébergement si l'Etat reste campé sur ses terrains et Bercy bloque les projets d'investissements ?", s'interroge-t-il.
"La crainte de voir un chinois prendre racine dans les hauteurs de Mafate"
Sur la question des visas, Didier Robert tire à boulet rouge sur les magistrats de la Cour des comptes. "Notre destination est trop dépendante du marché métropolitain. C'est vrai. Mais qui est responsable de la politique de visa ? Qui est responsable des entrées sur le territoire ? Il est quasiment impossible pour un Chinois et un Indien de rentrer dans le département. Cela fait des années que les acteurs locaux se battent sur ce dossier. Mais on nous demande gentiment de regarder ailleurs, car on la crainte de voir un Chinois prendre racine dans les hauteurs de Mafate. Qui est responsable ?", lance-t-il. Exemple avancé sur l'assouplissement des visas, la progression de touristes sud-africains (+33%) dispensés de visa pour venir à la Réunion, selon la Région.
Tour à tour, le président de Région évoque la gestion de la crise du chikungunya, requin, les conditions d'occupation du domaine maritime et des hauts ou encore la réglementation du Parc national. Dans tous les cas, le seul responsable du blocage ou de la mauvaise gestion des dossiers est l'Etat.
"Nous allons continuer à amplifier nos actions et démultiplier les moyens sur la base des stratégies de 2010 dans le secteur du tourisme. Je ne changerai pas une ligne, ni un axe de travail. Je ne me laisserai jamais dicter faits et gestes par de beaux penseurs qui se posent en donneurs de leçons et qui sont totalement déconnectés des réalités du territoire", conclut Didier Robert.
Jeudi 13 Février 2014 - 14:27
Julien Delarue