La rapidité de la visite du Ministre de l’Outre-mer et du Premier Ministre témoigne d’un état d’esprit qu’il faut concrétiser par des actions urgentes de premier secours. Mais la nécessité de ces secours, et leur ampleur incontestable, ne peuvent ouvrir qu’à l’exigence d’un faisceau d’actions pérennes et durables.
La rencontre de ce jour confirme la volonté de l’Etat de traiter les problèmes à la hauteur de l’urgence et de dépasser le strict traitement de l’immédiat.
J’ai pris acte de vos engagements pour répondre aux conséquences de cette catastrophe.
Les cyclones HUGO en Guadeloupe 1989 et DEAN le 16 Aout dernier, soulignent la fragilité de nos économies. Elles sont menacées de manières récurrentes par des phénomènes naturels violents et destructeurs. Ces phénomènes ne pourront aller qu‘en s’aggravant eu égard aux bouleversements climatiques annoncés, qui nous obligent à anticiper les effets du réchauffement et à nous préparer à d’inédites catastrophes.
Cette fragilité confrontée à toutes ces urgences doit nous conduire à repenser les dynamiques traditionnelles de notre développement : tenter ce que Glissant appelle, sinon une « rupture » du moins : « un écart déterminant ».
La complexité des phénomènes économiques, sociaux, psychosociaux, culturels et environnementaux se dérobera toujours à une approche sectorielle ou de dissociation sous des expertises closes. Ces dernières échouent toujours à « maîtriser » une problématique vivante : au pire elles la coupent de ses interactions avec les autres domaines, au mieux elles l’appauvrissent.
Il nous faut sécuriser, protéger, préserver notre patrimoine naturel et culturel, et placer cette nécessité non comme un appendice mais comme le moteur même de notre développement. Plutôt que de séparer, il nous faut au contraire tenter de lier et de relier, d’appréhender chaque partie et de traiter leur ensemble dans une démarche qui respecterait leur complexité évolutive et vivante.
Je veux parler d’une approche écologique et de l’émergence d’une nouvelle économie locale fondée sur le développement durable.
La pensée écologique (sans mystique ou idéologie) sait mieux que toute autre approcher les réalités du vivant en respectant les interactions, les antagonismes solidaires, les spirales biodynamiques où les effets et les causes se nourrissent mutuellement…
La question écologique et environnementale deviendra non seulement l’urgence des temps qui viennent mais leur déterminant majeur. Nous aurons à nous protéger de toutes parts mais aussi à redéfinir la plupart de nos logiques fonctionnelles. C’est pourquoi il me semble absolument précieux de mettre la pensée écologique au centre même de la démarche déterminante que nous devons envisager.
Le Pays Martinique est un sanctuaire de biodiversité inouïe.
C‘est une terre de beauté naturelle et de paysages somptueux qui ne peuvent que vivifier les dynamiques économiques, tant proprement humaines, que touristiques, énergétiques, agricoles ou agro-industrielle... Le point de départ, l’approche nouvelle et pertinente, serait donc de placer notre pays sous un statut écologique dérogatoire qui lui servirait de catalyseur général à une nouvelle approche du développement et de l’économie locale.
Ce statut visera à le préparer aux bouleversements climatiques imminents ; à protéger ses atouts naturels et de biodiversité qui relèvent fondamentalement du patrimoine naturel de l’humanité, et inscrire la Martinique dans une culture du risque innovante et imaginative. Par une telle approche statutaire, nous aurons la possibilité d’initier une dynamique de redéploiement agricole et industriel diversifié.
Prendre en compte les évolutions urbaines, redéfinir l’offre touristique, mais aussi toute la gamme des services à la personne, de la construction, des logements sociaux notamment à travers des pôles de compétitivité.
Nous pourrons favoriser des niches d’emplois nouveaux, des formations inédites adaptées aux réalités à venir, des pôles d’excellence en technologies et en recherches conformes au développement durable et aux évolutions à venir, lesquelles seront très souvent radicales.
Nous pourrons, pour le moins, doter le projet de zone franche globale d’une colonne vertébrale, tout en initiant une gouvernance économique locale plus appropriée aux défis du futur, plus adaptée à la démocratie et mieux inspirée en terme de responsabilités locales.
Ce statut dérogatoire pourra restituer aux Martiniquais des espaces d’auto organisation, de décision élargies, des lieux de libertés, voire d’autonomie, tant pour parer aux urgences que pour se confronter aux mutations essentielles à venir. Ils pourront le faire de manière consciente, maîtrisée, responsable et volontaire.
En bref, dans une intention globale endogène qui réintègre une idée de bon sens : à savoir qu’il ne saurait avoir de développement réel sans responsabilité collective et sans conscience active.
Mais la décision déterminante serait de se donner sans attendre les moyens d’étudier ce statut écologique, économique et de politique de développement, les axes de sa fonction, les modalités de sa mise en oeuvre et son indispensable synergie avec les schémas locaux.
Je m’en ouvrirai très prochainement auprès de tous les Martiniquais, tant il vrai qu’aller au-delà du simple secours, dissiper les aveuglements de l’urgence, demande la clairvoyance et la participation de tous.
Il reste à organiser un dialogue, une méthode de travail et d’action qui traduisent la réalité de la vie des habitants de ce territoire.
Je vous prie d’agréer, Monsieur Le Président, l’expression de ma très haute considération.
Serge LETCHIMY
Député de Martinique
Maire de la Ville de Fort-de-France
La rencontre de ce jour confirme la volonté de l’Etat de traiter les problèmes à la hauteur de l’urgence et de dépasser le strict traitement de l’immédiat.
J’ai pris acte de vos engagements pour répondre aux conséquences de cette catastrophe.
Les cyclones HUGO en Guadeloupe 1989 et DEAN le 16 Aout dernier, soulignent la fragilité de nos économies. Elles sont menacées de manières récurrentes par des phénomènes naturels violents et destructeurs. Ces phénomènes ne pourront aller qu‘en s’aggravant eu égard aux bouleversements climatiques annoncés, qui nous obligent à anticiper les effets du réchauffement et à nous préparer à d’inédites catastrophes.
Cette fragilité confrontée à toutes ces urgences doit nous conduire à repenser les dynamiques traditionnelles de notre développement : tenter ce que Glissant appelle, sinon une « rupture » du moins : « un écart déterminant ».
La complexité des phénomènes économiques, sociaux, psychosociaux, culturels et environnementaux se dérobera toujours à une approche sectorielle ou de dissociation sous des expertises closes. Ces dernières échouent toujours à « maîtriser » une problématique vivante : au pire elles la coupent de ses interactions avec les autres domaines, au mieux elles l’appauvrissent.
Il nous faut sécuriser, protéger, préserver notre patrimoine naturel et culturel, et placer cette nécessité non comme un appendice mais comme le moteur même de notre développement. Plutôt que de séparer, il nous faut au contraire tenter de lier et de relier, d’appréhender chaque partie et de traiter leur ensemble dans une démarche qui respecterait leur complexité évolutive et vivante.
Je veux parler d’une approche écologique et de l’émergence d’une nouvelle économie locale fondée sur le développement durable.
La pensée écologique (sans mystique ou idéologie) sait mieux que toute autre approcher les réalités du vivant en respectant les interactions, les antagonismes solidaires, les spirales biodynamiques où les effets et les causes se nourrissent mutuellement…
La question écologique et environnementale deviendra non seulement l’urgence des temps qui viennent mais leur déterminant majeur. Nous aurons à nous protéger de toutes parts mais aussi à redéfinir la plupart de nos logiques fonctionnelles. C’est pourquoi il me semble absolument précieux de mettre la pensée écologique au centre même de la démarche déterminante que nous devons envisager.
Le Pays Martinique est un sanctuaire de biodiversité inouïe.
C‘est une terre de beauté naturelle et de paysages somptueux qui ne peuvent que vivifier les dynamiques économiques, tant proprement humaines, que touristiques, énergétiques, agricoles ou agro-industrielle... Le point de départ, l’approche nouvelle et pertinente, serait donc de placer notre pays sous un statut écologique dérogatoire qui lui servirait de catalyseur général à une nouvelle approche du développement et de l’économie locale.
Ce statut visera à le préparer aux bouleversements climatiques imminents ; à protéger ses atouts naturels et de biodiversité qui relèvent fondamentalement du patrimoine naturel de l’humanité, et inscrire la Martinique dans une culture du risque innovante et imaginative. Par une telle approche statutaire, nous aurons la possibilité d’initier une dynamique de redéploiement agricole et industriel diversifié.
Prendre en compte les évolutions urbaines, redéfinir l’offre touristique, mais aussi toute la gamme des services à la personne, de la construction, des logements sociaux notamment à travers des pôles de compétitivité.
Nous pourrons favoriser des niches d’emplois nouveaux, des formations inédites adaptées aux réalités à venir, des pôles d’excellence en technologies et en recherches conformes au développement durable et aux évolutions à venir, lesquelles seront très souvent radicales.
Nous pourrons, pour le moins, doter le projet de zone franche globale d’une colonne vertébrale, tout en initiant une gouvernance économique locale plus appropriée aux défis du futur, plus adaptée à la démocratie et mieux inspirée en terme de responsabilités locales.
Ce statut dérogatoire pourra restituer aux Martiniquais des espaces d’auto organisation, de décision élargies, des lieux de libertés, voire d’autonomie, tant pour parer aux urgences que pour se confronter aux mutations essentielles à venir. Ils pourront le faire de manière consciente, maîtrisée, responsable et volontaire.
En bref, dans une intention globale endogène qui réintègre une idée de bon sens : à savoir qu’il ne saurait avoir de développement réel sans responsabilité collective et sans conscience active.
Mais la décision déterminante serait de se donner sans attendre les moyens d’étudier ce statut écologique, économique et de politique de développement, les axes de sa fonction, les modalités de sa mise en oeuvre et son indispensable synergie avec les schémas locaux.
Je m’en ouvrirai très prochainement auprès de tous les Martiniquais, tant il vrai qu’aller au-delà du simple secours, dissiper les aveuglements de l’urgence, demande la clairvoyance et la participation de tous.
Il reste à organiser un dialogue, une méthode de travail et d’action qui traduisent la réalité de la vie des habitants de ce territoire.
Je vous prie d’agréer, Monsieur Le Président, l’expression de ma très haute considération.
Serge LETCHIMY
Député de Martinique
Maire de la Ville de Fort-de-France