Oui, il est grand temps de faire une rétrospective de l’histoire de l’humanité afin d’essayer d’y comprendre comment et pourquoi les Nègres ont été, et sont encore souvent relégués dans les imaginaires, comme dans certaines réalités quotidiennes, au rang de sous-hommes, voire de non humains.
Pourtant archéologues et préhistoriens n’ont eu de cesse de nous asséner d’écrits savants soutenant que l’humanité est bien née en Afrique avant d’occuper les autres continents, par conséquent, on peut affirmer sans aucun risque de se tromper que tous les hommes ont une origine nègre.
Mais, depuis le début des invasions de l’impérialisme arabo-musulman en 652, juste 20 ans après la mort de Muhammad, commença alors pour les Nègres un esclavagisme sans précédent dans toute l’Histoire, auquel viendra se superposer à partir du milieu du XVe siècle l’esclavagisme et les colonisations de l’Europe initiés par les Portugais et le voyage de Colomb en Amérique.
Dès lors, esclavagismes, dominations coloniales et néocoloniales se poursuivront jusqu’au XXIe siècle comme par exemple actuellement au Soudan, là où justement, bourgeonna la première déshumanisation de l’homme africain (…)
Durant quatorze siècles, s’abattront ainsi sur les Nègres d’Afrique sans discontinuer, une triple ponction esclavagiste : arabo-musulmane, africaine et européenne. Une multitude de colonisations et de dominations culturelles étrangères, toutes accompagnées de la négation de l’humanité africaine viendront couronner ces systèmes esclavagistes.
Cet ouvrage tente de revisiter sans haine et sans amertume, mais avec une détermination et un engagement sans concession, cette douloureuse histoire pour y « traquer » l’essentiel des fondements, de la généalogie et des processus de légitimation de ces oppressions contre les peuples d’Afrique, les descendants de ses déportés et ses diasporas à travers le monde entier.
Il apporte au non initié des repères indispensables pour circonscrire et appréhender les fondements théoriques et les conséquences pratiques de l’esclavage et de la colonisation. Il questionne le chercheur sur les mots, les contenus, les concepts et les orientations de la demande sociale de recherche historique à propos de la mise en esclavage et de la colonisation des Nègres.
Ont contribué de façon plus ou moins active à ces légitimations idéologiques et pseudo scientifiques, à ces occultations volontaires ou inconscientes de l’humanitude des Nègres des écrits religieux, des ecclésiastes, des pseudo savants, des États, des historiens, des juristes, des colons esclavagistes, des trafiquants d’esclaves, des théoriciens du racisme social ou biologique, des philosophes et des hommes de lettres, des lois scélérates des puissances coloniales et des assemblées coloniales, etc.
Ces idées rétrogrades, justificatives de l’embrigadement et de la déportation des Nègres, ont généré des stéréotypes et des préjugés qui se sont répandus dans les sociétés dominantes et en Afrique même. Elles constituent le terreau du racisme actuel et de l’autodénigrement perpétuel des Nègres.
Dès lors, je me suis penché sur la problématique des représentations et des imaginaires véhiculées par les idéologies dominantes à travers les « récits » produits par les impérialismes occidental et arabo-musulman comme par les aristocraties esclavagistes africaines, pour justifier aux yeux de l’opprimé africain lui-même et des Africains déportés, leur état d’infériorisation et de déshumanisation afin qu’ils en soient initialisés devenant ainsi les premiers vecteurs de propagation de l’idéologie de la soumission du Nègre, idéologie que le venin du racisme propagera à travers le monde entier.
J’espère avoir contribué modestement à enrichir la voie tracée par ceux qui ont prôné la renaissance culturelle de l’Afrique par un indispensable et cathartique processus de déconstruction-reconstruction culturelle des Africains et des descendants des Africains déportés, par eux-mêmes, pour eux-mêmes et pour les autres
J’espère à travers cet ouvrage, avoir joint ma voix à celles de tous ceux qui se sont battus et qui continueront à se battre pour le respect de la dignité humaine. Et je termine par cette citation d’Aimé Césaire :
« Notre engagement n’a de sens que s’il s’agit d’un ré-enracinement certes, mais aussi d’un épanouissement, d’un dépassement et de la conquête d’une nouvelle et plus large fraternité »
Yaya SY docteur en anthropologie sociale et culturelle.