Emmanuel de Reynal : Un million d'arbres pour la Martinique et pourquoi pas deux millions ?

Emmanuel de Reynal est un Martiniquais, proactif. Personne ne peut remettre en cause sa volonté de prendre le pays par le cul pour le faire avancer. En créole l’expression appropriée est palantjché. Il produit bon nombre de dossiers importants dont plusieurs durant la période où il a présidé à la destinée, de Contact Entreprise, une émanation encore issue d'une volonté d'agir ensemble. Son dernier acte c'est son livre , nous en parlons dans ce site .

Par conséquent on ne peut douter de sa bonne volonté et de son envie de développer son pays la Martinique. Mais peut -on s’interroger valablement sur les moyens qu'il préconise pour y parvenir. Rappelons avant tout l'objectif de l'opération 1 million d'arbres : Un million d’arbres supplémentaires pour :

• lutter efficacement contre le réchauffement climatique ;
  capturer le CO2 qui encombre notre atmosphère ;
  filtrer les poussières qui nous viennent du Sahara ;
  sauver nos espèces endémiques ;
  revitaliser notre biosphère ;
  limiter l'érosion de nos côtes ;
  lancer de nouvelles filières économiques ;
  créer des emplois ;
  nourrir les populations ;
  accélérer la transition énergétique ; respirer…

Intitulé « Péyi Vert », ce programme audacieux s’appuie sur la mobilisation de tous : les collectivités locales, les services de l'Etat, les associations, les entreprises…. Et bien sûr les citoyens martiniquais eux-mêmes.

Pour planter un arbre il faut donc commencer par sortir 40 Euros. 10 euros minimum versé à qui, comment, pourquoi ? Dans un pays où l'on compte en mesure d' ananas, c'est environ 5 kilos d’ananas minimum et 20 kilos maximum , pour planter un arbre ! Comme si on ne pouvait pas apprendre aux enfants que si le mangot était sucré et bon , c'était tout simplement pour que l'homme ou l'animal qui le mangent soient pris de l'envie de sucer la graine suffisamment loin et longtemps, de l'arbre qui avait donné le fruit, pour que... et ainsi... par conséquence la graine jetée, cette dernière ait une chance sur mille de donner cinq ans plus tard le plus merveilleux des manguiers.

Autrement dit, alors que le projet pourrait être génial, voilà que nous oublions l'essentiel. Il y a des milliers de Martiniquais à qui il manque 20 euros pour finir le mois, et qui n'en seraient pas moins volontaires de planter un arbre à partir d'une graine d'avocat. En réalité le projet hélas ne s'adresse pas à eux, ils ne pourraient faire fonctionner le volet économique du projet.

Autre point essentiel, il ne me semble pas qu'il manque d' arbres en Martinique, au contraire. Et pour cause, le nombre d'arbres qui bouchent les routes après cyclones, les rivières après les crues est impressionnant. C'est le cas des bambous qualifiés comme espèce invasive. Ne faut-il pas avant tout apprendre aux Martiniquais à entretenir les arbres qu'ils ont planté. Ne faut-il pas obliger ces derniers à élaguer les arbres qui deviennent des dangers pour les lignes électriques et les câbles téléphoniques.

En dernier lieu et en admettant que nous soyons d'accord pour planter des arbres, ou planterons-nous ces arbres ? Quand on sait qu'il faut en principe pour un cocotier 5 mètres de distance au nord au sud à l'est et à l'ouest de part et d'autre de l'arbre, c'est des carrés de 10 par 10 soit 100 m2 qu'il faut par arbre. Hors un million de fois 100 m2 c'est me semble t-il un peu beaucoup pour un pays dont les jeunes agriculteurs ne trouvent pas de terrain à cultiver ! N'est-ce pas ?

La présence dans ce projet d'Albioma , m'interpelle à ce titre : Je dis souvent qu'un média engagé est un média dont les lecteurs s'engagent. Et à ce titre nul ne peut être plus vigilante qu'une population entière qui veille sur un territoire, nul ne peut non plus être plus alternatif qui'une population qui en assez de se faire prendre pour les coulirous frits. Et à ce titre il nous arrive de recevoir des alertes, des indications en privé, inattendues... dont nous gardons l’anonymat , la provenance, mais dont nous ne pouvons pas, ne pas tenir compte également.

Et sur cette affaire d'arbres, voilà l’alerte que nous avons reçu : je cite :"..je t’invite à gratter un peu le vernis pour voir ce qu’il y a vraiment derrière cette belle initiative d'un million d'arbres....apparemment, Albioma qui tente de régler son problème d’empreinte carbone avec le Galion pour échapper à la taxation liée au défrichage et l’obligation de reforestation avec la complicité de l’ONF et des békés ....voilà la piste principale ...À méditer

Comme quoi au minimum cette affaire d'arbres mériterait que nous nous y intéressions sérieusement. L'enquête est ouverte