Y aura-t-il en Martinique un esprit Espace Sud ? par Yves-Léopold Monthieux


Rédigé le Mardi 21 Juillet 2020 à 08:56 |
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A travers la morosité qui conduit aux blocages de toutes natures de l’action politique en Martinique, une personnalité avisée me disait que la chance de la Martinique pourrait résulter du très prochain renouvellement des élus de la Collectivité territoriale. L’arrivée en nombre de nouveaux maires et de visages nouveaux dans les équipes municipales pourrait donner du contenu à cette prémonition. A cet égard, l’élection d’André Lesueur comme président de l’Espace Sud paraît significative de la venue d’un esprit nouveau.


Le maire de Rivière-Salée est avec son collègue du St Esprit, Fred-Michel Tiraut, l’un des rares élus du Sud de la Martinique qui, en dépit de la force d’attrait des écuries de gauche, protestent de leur appartenance à la droite de l’échiquier politique.

André Lesueur Président de l'espace Sud
Ce n’est évidemment pas au titre de son rapport à la République que le maire de Rivière-Salée a été choisi par ses pairs de l’Espace Sud pour présider cette institution pendant 6 ans.

Les opérations de vote qui se sont déroulées ce vendredi 17 juillet 2020 au St Esprit n’ont permis de déceler aucun des stigmates du sectarisme habituel qui préside aux rapports entre la gauche et la droite, depuis 30 ans. Est-ce dû à l’arrivée des nouveaux élus qui sont peu nourris du sectarisme politique des grandes écuries ? Ou est-ce l’expression d’un recul de l’instinct de rupture institutionnelle que cultivent celles-ci ? J’en avais eu le pressentiment au cours d’un bref entretien avec l’un des nouveaux maires de l’Espace Sud, élu en 2014. Ainsi donc, la nouvelle communauté des maires du Sud pourrait avoir apporté un vent nouveau qui, étendu à toute la Martinique, pourrait augurer d’un changement salutaire.

Mais le changement doit aussi beaucoup à la personnalité d’André Lesueur qui a, tout au long de sa mandature, su cultiver d’excellents rapports avec ses collègues et donné la preuve de sa tolérance et de son esprit d’ouverture.
Devenu maire de Rivière-Salée, il avait été reçu par le Directeur général des services (DGS) de la ville, alors militant politique dont les idées étaient notoirement opposées aux siennes. Au lieu de s’en séparer, comme le font presque toujours les maires « arrivants », il en a fait son collaborateur privilégié, puis un ami, sans qu’aucun des deux hommes n’ait eu à renoncer à ses convictions respectives. Par ailleurs, un rédacteur du journal Justice, qui a toujours fait de la droite son principal adversaire, avait été licencié sans ménagement. Sollicité, le maire de Rivière-Salée l’avait engagé contre l’avis de la plupart de ses collaborateurs, jusqu’à son départ à l’étranger au titre d’une organisation non gouvernementale (ONG). On ne fera que signaler le recrutement de ce policier municipal qui avait été viré par son maire pour des raisons politiques.


Passons plutôt à l’un des principaux collaborateurs d’André Lesueur, le très loyal directeur financier de la ville de Rivière-Salée, Samuel Tavernier. En tant que militant de gauche, celui-ci vient d’accéder à la fonction de maire de la commune du François.

Ces deux maires se retrouvent donc dans le même Hôtel de ville et à l’Espace Sud, l’un comme président, l’autre comme premier vice-président. Cette situation rappelle le précédent de Fort-de-France où le maire de Grand’Rivière André Forestal avait été le Responsable financier du chef-lieu. Ce sont ces exemples qui viennent à l’esprit lorsque André Lesueur parle de respect.

Comme s’il devait se mettre dans les pas de l’un de ses prédécesseurs, le nouveau président n’oublie pas de rappeler que c’est Alphonse Jean-Joseph, le maire et conseiller général de Rivière-Salée dans les années 1950, qui avait été l’artisan de l’apport de l’eau courante dans les foyers du Sud de la Martinique. Reste qu’au-delà des priorités dont la distribution de l’eau est redevenue l’une des préoccupations principales, c’est bien cet esprit nouveau qui semble souffler, comme venant de la ville du même nom, Le Saint-Esprit.

Fort-de-France, le 18 juillet 2020
Yves-Léopold Monthieux


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