Le contenu ouvre plusieurs portes, mais très vite on observe que les images - bal nègre, Joséphine BAKER, etc.- se succèdent avec pour objectif principal de plaire à un spectateur bien déterminé : le Français assis, pantoufles aux pieds, ravi de regarder des Nègres et des Négresses qui s’agitent. Le zoo humain : il en demande et il en redemande le poussah dans son fauteuil ! Il est enchanté. Au vrai, c’est pour un tel téléspectateur qu’a été produit ce documentaire.
Jean GELAS et Pascal BLANCHARD ont bien choisi leur cible et ils ont réussi leur coup. Encore une fois, qui parle des Nègres ? Et à qui s’adresse-t-on ?
Ce documentaire est un pur produit français pour des Français de France. Le titre s’explique dès lors clairement. On met en piste, sur l’écran, des Noirs choisis par des Français pour des Français. Les Français parlent aux Français. Bien sûr, quelques témoignages proviennent de personnes choisies : hormis Elikia M’BOKOLO qui, hors de son domaine de compétence, ses investigations africaines, n’est pas un spécialiste des « Noirs » et Pap N’DIAYE intéressé par les Africains-Américains des USA, aucun historien de métier pour dire à ces auteurs d’arrêter leur cirque !
Qu’est-ce qu’une vision d’ensemble des Noirs ? De quels Noirs s’agit-il ? Des Africains ? Des colonisés de Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion ? Des Kanaks ? Des Mélanésiens ? Des Polynésiens ? Des Noirs vivant et résidant en France depuis plusieurs générations ?
On voit bien que les auteurs ont voulu tout embrasser et qu’il est impossible d’y voir clair. Il n’y a pas d’histoire des Noirs de France ou d’ailleurs, si on persiste à ne pas circonscrire le sujet. Que signifierait une image des Noirs des Antilles ? Une image des Noirs de Polynésie ou de Mélanésie par exemple ? Une image des Noirs d’Afrique ?
Alors pourquoi, à quoi correspondent ces Noirs de France ? Au goût prononcé qu’ont certains auteurs français – une dérive du racisme- de tout mettre dans le même sac dès qu’il s’agit de Noirs. On rassemble, on mélange : Africains, Antillais, Africains-Américains, Réunionnais, Mayotais, avec en prime quelques visages connus et envoyez ! Le tout fera un documentaire appréciable !
Le problème est toujours le même : ceux qui parlent de nous, ce sont ceux qui ont un pouvoir de production, un pouvoir financier, ceux qui ont accès aux moyens de réalisation télévisuelle. Ce sont des Blancs français qui parlent de Nègres.
Alors nous devons subir ces regards impérialistes, ces visions exotiques sur les corps noirs et nous devons apprécier ou nous taire.
Aux Etats-Unis, il y a plusieurs décennies, des voix se sont élevées pour clamer haut et fort : Who speak for the Negroes ?
Et ces voix ont entrepris de parler d’elles-mêmes.
Des voix d’Africains-Américains, qui refusaient de laisser des étrangers parler d’eux, ils ne voulaient plus laisser les blancs parler d’eux.
Où en sommes-nous ? Gens de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane ? Où en sommes nous avec dans notre entourage, tant de brillants « intellectuels », tant de penseurs, tant de voyants, qui déambulent dans les rues, à Fort-de-France, à Pointe-à-Pitre, à Basse-Terre et à Cayenne ? Tant de poètes, de romanciers, d’essayistes, de dramaturges, de conteurs, de philosophes, de journalistes et de politiciens qui pérorent et qui jaspinent en bord de mer. Pendant que nos élites s’affichent au carnaval de la pensée, accompagnées de leurs fifres et de leurs sonnailles, une trilogie exotique présente sa version française des citoyens de seconde zone.
ORUNO D. LARA
08/02/2012
Jean GELAS et Pascal BLANCHARD ont bien choisi leur cible et ils ont réussi leur coup. Encore une fois, qui parle des Nègres ? Et à qui s’adresse-t-on ?
Ce documentaire est un pur produit français pour des Français de France. Le titre s’explique dès lors clairement. On met en piste, sur l’écran, des Noirs choisis par des Français pour des Français. Les Français parlent aux Français. Bien sûr, quelques témoignages proviennent de personnes choisies : hormis Elikia M’BOKOLO qui, hors de son domaine de compétence, ses investigations africaines, n’est pas un spécialiste des « Noirs » et Pap N’DIAYE intéressé par les Africains-Américains des USA, aucun historien de métier pour dire à ces auteurs d’arrêter leur cirque !
Qu’est-ce qu’une vision d’ensemble des Noirs ? De quels Noirs s’agit-il ? Des Africains ? Des colonisés de Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion ? Des Kanaks ? Des Mélanésiens ? Des Polynésiens ? Des Noirs vivant et résidant en France depuis plusieurs générations ?
On voit bien que les auteurs ont voulu tout embrasser et qu’il est impossible d’y voir clair. Il n’y a pas d’histoire des Noirs de France ou d’ailleurs, si on persiste à ne pas circonscrire le sujet. Que signifierait une image des Noirs des Antilles ? Une image des Noirs de Polynésie ou de Mélanésie par exemple ? Une image des Noirs d’Afrique ?
Alors pourquoi, à quoi correspondent ces Noirs de France ? Au goût prononcé qu’ont certains auteurs français – une dérive du racisme- de tout mettre dans le même sac dès qu’il s’agit de Noirs. On rassemble, on mélange : Africains, Antillais, Africains-Américains, Réunionnais, Mayotais, avec en prime quelques visages connus et envoyez ! Le tout fera un documentaire appréciable !
Le problème est toujours le même : ceux qui parlent de nous, ce sont ceux qui ont un pouvoir de production, un pouvoir financier, ceux qui ont accès aux moyens de réalisation télévisuelle. Ce sont des Blancs français qui parlent de Nègres.
Alors nous devons subir ces regards impérialistes, ces visions exotiques sur les corps noirs et nous devons apprécier ou nous taire.
Aux Etats-Unis, il y a plusieurs décennies, des voix se sont élevées pour clamer haut et fort : Who speak for the Negroes ?
Et ces voix ont entrepris de parler d’elles-mêmes.
Des voix d’Africains-Américains, qui refusaient de laisser des étrangers parler d’eux, ils ne voulaient plus laisser les blancs parler d’eux.
Où en sommes-nous ? Gens de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane ? Où en sommes nous avec dans notre entourage, tant de brillants « intellectuels », tant de penseurs, tant de voyants, qui déambulent dans les rues, à Fort-de-France, à Pointe-à-Pitre, à Basse-Terre et à Cayenne ? Tant de poètes, de romanciers, d’essayistes, de dramaturges, de conteurs, de philosophes, de journalistes et de politiciens qui pérorent et qui jaspinent en bord de mer. Pendant que nos élites s’affichent au carnaval de la pensée, accompagnées de leurs fifres et de leurs sonnailles, une trilogie exotique présente sa version française des citoyens de seconde zone.
ORUNO D. LARA
08/02/2012