Vendredi 10/06/11 – 22h15
Mon cher Serge
Comme suite à notre entretien de dimanche dernier, je t’envoie à toi et à Didier ce projet de lettre que je me propose d’adresser à nos grands électeurs progressistes (conseillers généraux, conseillers régionaux, maires et conseillers municipaux). J’attends tes observations avant de l’adresser au BP et au CN.
Cordialement
Édouard
La publication dans France-Antilles du samedi 4 juin d’un article de Gabriel Galion sur les candidatures aux prochaines élections sénatoriales semble avoir surpris la direction du Parti. Galion vient nous rappeler que la campagne des sénatoriales est bel et bien lancée.Il y a au PPM, au moins autant que dans n’importe quel autre parti, des camarades dignes d’être candidats et capables de se faire élire. Mais nous avons la chance d’avoir dans nos rangs - et nous sommes les seuls à avoir cette chance - un camarade, Rodolphe Désiré, ayant à la fois une compétence reconnue en même temps qu’une très large expérience en tant qu’élu local et en tant que sénateur honoraire. Si notre parti (un peu plus de 200 grands électeurs à lui tout seul) décide de le présenter, il peut être élu sans difficulté.
Le Parti et le pays disposeraient d’un sénateur capable d’intervenir avec un maximum d’efficacité dans une assemblée en charge des intérêts des collectivités territoriales. Les sénateurs sont en effet d’abord les élus des élus locaux. Ils en sont les représentants dans la haute assemblée mais aussi au Parlement, c’est-à-dire au plus haut sommet de l’État.
Rodolphe a sur tous les autres candidats possibles, issus de nos rangs ou parmi nos amis, 4 atouts majeurs :
1/Il est de loin le plus ancien et le plus expérimenté de nos élus locaux : 3 ans au premier Conseil Régional, 29 ans au Conseil Général, 28 ans à la mairie du Marin.
- Au Conseil Régional (1983-1986), il a exercé la fonction de président de la Commission de coopération avec l’Europe et avec la Caraïbe. Une fonction qu’il a illustrée en préconisant, le premier, dès 1985, au sein de la Commission des Iles de la CRPM (Conférence des Régions Périphériques Maritimes) de l’Europe, la création de l’instance que préside aujourd’hui notre camarade Serge Letchimy : la Conférence des Régions Ultrapériphériques.
- Au Conseil Général (1982-2011), il a assumé les charges de président de la Commission des Finances qui l’ont familiarisé avec les finances départementales mais surtout de Président de L’ODTM Office Départemental du Tourisme. Il a accumulé dans ces deux secteurs un capital d’expériences et des relations, au dedans et au-dehors, qui en font probablement l’un des meilleurs spécialistes des problèmes du tourisme dont on semble oublier que sa phase de plus grande expansion est liée à l’action du Président de l’ODTM, malgré les coups bas et les réticences des uns et des autres à lui accorder les moyens qu’il estimait indispensables pour une optimisation de nos ressources naturelles et humaines dans ce domaine.
- À la tête du Conseil Municipal du Marin depuis 1983, il a fait la démonstration de ce que peut réaliser dans une commune aux bords de la faillite, un observateur attentif des réalités du terrain s’appuyant sur une analyse lucide des données générales de la période (politique, économie, société).
Au prix d’une véritable révolution dans la conception du développement dans un pays insulaire, il a transformé le Marin, alors en chute libre depuis la fermeture de sa principale ressource, sa sucrerie, en une ville résolument tournée vers la mer. La capitale du Sud est aujourd’hui l’un des plus grands ports de plaisance de la Caraïbe dont les performances ne le cèdent en rien à celles de ses rivales des Antilles.
Ce pionnier de la mise en valeur de la mer est en même temps l’un des maires les mieux informés des problèmes du monde rural. Exploitant agricole lui-même et très proche des grands comme des petits agriculteurs (élevage, banane, canne, maraîchage) ses contacts dans ce milieu en font l’un des élus les plus capables d’intervenir utilement auprès du pouvoir central comme auprès de l’Europe
2/ 18 ans de présence ininterrompue (1986-2004) et assidue dans la Haute Assemblée l’ont familiarisé avec les usages et les exigences de l’activité parlementaire. Rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, il a pris la mesure des défis structurels auxquels se trouvent confrontés les DOM en général et la Martinique en particulier, spécialement au plan économique.
Il est l’un de nos élus qui ont le plus réfléchi à la question de l’autonomie, c’est-à-dire à la question de notre place dans la République et dans l’Europe. Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien à ajouter ou à retrancher de ses thèses. Je ne connais personnellement aucun candidat qui ait une connaissance aussi précise et aussi concrète de la situation des régions autonomes de la CEE, notamment de l’Espagne et du Portugal (pas seulement des RUP d’ailleurs) qui constituent sinon des modèles du moins des références incontournables. Les expériences tentées dans ces régions l’ont particulièrement sensibilisé à l’un des problèmes les plus importants qui nous soient posés : celui de la continuité territoriale encore plus décisive pour nous que pour les Canaries, Madère ou les Açores.
Au Sénat il a enfin contribué à faire évoluer l’article 73 de la constitution dans le sens qui lui est reconnu aujourd’hui mais qui peut et qui doit être encore amélioré.
3/ Je termine par ce qui me paraît le plus important dans la conjoncture actuelle. Il est l’un des plus anciens membres du Parti (44 ans) avec deux courtes interruptions 1980-1983 et 2001-2004 (au cours de cette dernière période, il continue de verser au Parti ses ristournes d’élus). J’ajoute, pour les jeunes camarades qui pourraient l’ignorer, qu’il est l’un de ceux qui ont le plus contribué à faire prendre au Parti le tournant nationaliste de notre Troisième Congrès (1987).
Pour la petite histoire, mais, à mon avis, une histoire peut-être pas si petite qu’elle en a l’air – je rappelle que Rodolphe qui a adhéré au PPM la veille du IIIe congrès (le 12 août 1967) a été élu comme secrétaire général du Parti le 13 août. Soit dit en passant, une performance qui n’a été réalisée que par François Mitterrand 4 ans plus tard en Juin 1971 ! Avec deux différences cependant : 1/ FM qui arrivait au PS avec un tout petit groupe de fidèles de la Convention des Institutions Républicaines (15% à peine des congressistes d’Épinay), a été élu à une courte majorité 51%. 2/ Rodolphe arrivé avec zéro % de fidèles a été élu à l’unanimité.
Je m’en suis beaucoup amusé à l’époque en attribuant ce résultat à la fascination qu’avait pu exercer sur le Congrès son passé de héros de l’OJAM. C’était beaucoup plus profond que cela. Encore que cela ne soit pas négligeable, Rodolphe est le seul élu de notre pays à avoir fait de la prison pour ses idées politiques et rien que pour ses idées politiques, ce n’est pourtant pas l’essentiel.
Ce n’était cependant pas l’ancien secrétaire général de l’OJAM que le Congrès avait élu, comme j’ai pu l’écrire, mais un dirigeant politique d’un type nouveau. Il concrétisait l’alliance de deux des principales sources idéologiques de la pensée de Césaire : la fidélité au socialisme, héritage de son passage au PC mais débarrassé de toutes ses scories staliniennes, et, en rupture avec cet héritage, l’aboutissement d’une longue maturation, en tant que nègre, de son idéal nationaliste, renforcé au contact de quelques uns des plus grands dirigeants de la révolution coloniale de l’immédiat après-guerre.
Dans la conduite des débats autour de la désignation de notre ou de nos candidats à ces élections sénatoriales, à mon avis, les plus importantes que nous ayons eues depuis plus d’un demi-siècle parce qu’intervenant à la veille d’une mutation qui peut être plus décisive pour notre pays que notre passage du statut colonial à celui de département en 1946, je souhaite que nos camarades réfléchissent sérieusement à cette donnée, sans se laisser distraire ni embarquer dans des considérations purement électoralistes. Au demeurant et même à ne s’en tenir qu’à des considérations purement électorales sinon électoralistes, parmi les candidats dont les noms circulent depuis 4 ou 5 mois au moins, je n’en vois aucun qui puisse réunir plus de suffrages de nos grands électeurs toutes nuances confondues. Mais je ne veux pas entrer dans ce genre de considérations. Je suis cependant naturellement prêt à répondre à toutes les questions, y compris sur ce sujet, qui pourraient m’être posées.
Mon cher Serge
Comme suite à notre entretien de dimanche dernier, je t’envoie à toi et à Didier ce projet de lettre que je me propose d’adresser à nos grands électeurs progressistes (conseillers généraux, conseillers régionaux, maires et conseillers municipaux). J’attends tes observations avant de l’adresser au BP et au CN.
Cordialement
Édouard
La publication dans France-Antilles du samedi 4 juin d’un article de Gabriel Galion sur les candidatures aux prochaines élections sénatoriales semble avoir surpris la direction du Parti. Galion vient nous rappeler que la campagne des sénatoriales est bel et bien lancée.Il y a au PPM, au moins autant que dans n’importe quel autre parti, des camarades dignes d’être candidats et capables de se faire élire. Mais nous avons la chance d’avoir dans nos rangs - et nous sommes les seuls à avoir cette chance - un camarade, Rodolphe Désiré, ayant à la fois une compétence reconnue en même temps qu’une très large expérience en tant qu’élu local et en tant que sénateur honoraire. Si notre parti (un peu plus de 200 grands électeurs à lui tout seul) décide de le présenter, il peut être élu sans difficulté.
Le Parti et le pays disposeraient d’un sénateur capable d’intervenir avec un maximum d’efficacité dans une assemblée en charge des intérêts des collectivités territoriales. Les sénateurs sont en effet d’abord les élus des élus locaux. Ils en sont les représentants dans la haute assemblée mais aussi au Parlement, c’est-à-dire au plus haut sommet de l’État.
Rodolphe a sur tous les autres candidats possibles, issus de nos rangs ou parmi nos amis, 4 atouts majeurs :
1/Il est de loin le plus ancien et le plus expérimenté de nos élus locaux : 3 ans au premier Conseil Régional, 29 ans au Conseil Général, 28 ans à la mairie du Marin.
- Au Conseil Régional (1983-1986), il a exercé la fonction de président de la Commission de coopération avec l’Europe et avec la Caraïbe. Une fonction qu’il a illustrée en préconisant, le premier, dès 1985, au sein de la Commission des Iles de la CRPM (Conférence des Régions Périphériques Maritimes) de l’Europe, la création de l’instance que préside aujourd’hui notre camarade Serge Letchimy : la Conférence des Régions Ultrapériphériques.
- Au Conseil Général (1982-2011), il a assumé les charges de président de la Commission des Finances qui l’ont familiarisé avec les finances départementales mais surtout de Président de L’ODTM Office Départemental du Tourisme. Il a accumulé dans ces deux secteurs un capital d’expériences et des relations, au dedans et au-dehors, qui en font probablement l’un des meilleurs spécialistes des problèmes du tourisme dont on semble oublier que sa phase de plus grande expansion est liée à l’action du Président de l’ODTM, malgré les coups bas et les réticences des uns et des autres à lui accorder les moyens qu’il estimait indispensables pour une optimisation de nos ressources naturelles et humaines dans ce domaine.
- À la tête du Conseil Municipal du Marin depuis 1983, il a fait la démonstration de ce que peut réaliser dans une commune aux bords de la faillite, un observateur attentif des réalités du terrain s’appuyant sur une analyse lucide des données générales de la période (politique, économie, société).
Au prix d’une véritable révolution dans la conception du développement dans un pays insulaire, il a transformé le Marin, alors en chute libre depuis la fermeture de sa principale ressource, sa sucrerie, en une ville résolument tournée vers la mer. La capitale du Sud est aujourd’hui l’un des plus grands ports de plaisance de la Caraïbe dont les performances ne le cèdent en rien à celles de ses rivales des Antilles.
Ce pionnier de la mise en valeur de la mer est en même temps l’un des maires les mieux informés des problèmes du monde rural. Exploitant agricole lui-même et très proche des grands comme des petits agriculteurs (élevage, banane, canne, maraîchage) ses contacts dans ce milieu en font l’un des élus les plus capables d’intervenir utilement auprès du pouvoir central comme auprès de l’Europe
2/ 18 ans de présence ininterrompue (1986-2004) et assidue dans la Haute Assemblée l’ont familiarisé avec les usages et les exigences de l’activité parlementaire. Rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, il a pris la mesure des défis structurels auxquels se trouvent confrontés les DOM en général et la Martinique en particulier, spécialement au plan économique.
Il est l’un de nos élus qui ont le plus réfléchi à la question de l’autonomie, c’est-à-dire à la question de notre place dans la République et dans l’Europe. Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien à ajouter ou à retrancher de ses thèses. Je ne connais personnellement aucun candidat qui ait une connaissance aussi précise et aussi concrète de la situation des régions autonomes de la CEE, notamment de l’Espagne et du Portugal (pas seulement des RUP d’ailleurs) qui constituent sinon des modèles du moins des références incontournables. Les expériences tentées dans ces régions l’ont particulièrement sensibilisé à l’un des problèmes les plus importants qui nous soient posés : celui de la continuité territoriale encore plus décisive pour nous que pour les Canaries, Madère ou les Açores.
Au Sénat il a enfin contribué à faire évoluer l’article 73 de la constitution dans le sens qui lui est reconnu aujourd’hui mais qui peut et qui doit être encore amélioré.
3/ Je termine par ce qui me paraît le plus important dans la conjoncture actuelle. Il est l’un des plus anciens membres du Parti (44 ans) avec deux courtes interruptions 1980-1983 et 2001-2004 (au cours de cette dernière période, il continue de verser au Parti ses ristournes d’élus). J’ajoute, pour les jeunes camarades qui pourraient l’ignorer, qu’il est l’un de ceux qui ont le plus contribué à faire prendre au Parti le tournant nationaliste de notre Troisième Congrès (1987).
Pour la petite histoire, mais, à mon avis, une histoire peut-être pas si petite qu’elle en a l’air – je rappelle que Rodolphe qui a adhéré au PPM la veille du IIIe congrès (le 12 août 1967) a été élu comme secrétaire général du Parti le 13 août. Soit dit en passant, une performance qui n’a été réalisée que par François Mitterrand 4 ans plus tard en Juin 1971 ! Avec deux différences cependant : 1/ FM qui arrivait au PS avec un tout petit groupe de fidèles de la Convention des Institutions Républicaines (15% à peine des congressistes d’Épinay), a été élu à une courte majorité 51%. 2/ Rodolphe arrivé avec zéro % de fidèles a été élu à l’unanimité.
Je m’en suis beaucoup amusé à l’époque en attribuant ce résultat à la fascination qu’avait pu exercer sur le Congrès son passé de héros de l’OJAM. C’était beaucoup plus profond que cela. Encore que cela ne soit pas négligeable, Rodolphe est le seul élu de notre pays à avoir fait de la prison pour ses idées politiques et rien que pour ses idées politiques, ce n’est pourtant pas l’essentiel.
Ce n’était cependant pas l’ancien secrétaire général de l’OJAM que le Congrès avait élu, comme j’ai pu l’écrire, mais un dirigeant politique d’un type nouveau. Il concrétisait l’alliance de deux des principales sources idéologiques de la pensée de Césaire : la fidélité au socialisme, héritage de son passage au PC mais débarrassé de toutes ses scories staliniennes, et, en rupture avec cet héritage, l’aboutissement d’une longue maturation, en tant que nègre, de son idéal nationaliste, renforcé au contact de quelques uns des plus grands dirigeants de la révolution coloniale de l’immédiat après-guerre.
Dans la conduite des débats autour de la désignation de notre ou de nos candidats à ces élections sénatoriales, à mon avis, les plus importantes que nous ayons eues depuis plus d’un demi-siècle parce qu’intervenant à la veille d’une mutation qui peut être plus décisive pour notre pays que notre passage du statut colonial à celui de département en 1946, je souhaite que nos camarades réfléchissent sérieusement à cette donnée, sans se laisser distraire ni embarquer dans des considérations purement électoralistes. Au demeurant et même à ne s’en tenir qu’à des considérations purement électorales sinon électoralistes, parmi les candidats dont les noms circulent depuis 4 ou 5 mois au moins, je n’en vois aucun qui puisse réunir plus de suffrages de nos grands électeurs toutes nuances confondues. Mais je ne veux pas entrer dans ce genre de considérations. Je suis cependant naturellement prêt à répondre à toutes les questions, y compris sur ce sujet, qui pourraient m’être posées.