Pour l’observateur, une évidence s’impose. Le partage de chaque liste de candidatures en plusieurs sections de vote permet d’obtenir une meilleure répartition géographique des candidats. On a pu déplorer à la région tantôt la présence de plusieurs élus d’une même petite commune et l’absence de représentation dans certaines zones ; tantôt une représentation trop avantageuse de l’agglomération du centre.
Dans chaque section, qui ne pourra pas être présentée séparément, les listes devront présenter un nombre déterminé de candidats, répartis comme suit : 17 pour le Centre-Atlantique (section 1), 16 pour le Nord (section 2), 16 pour le Sud (section 3) et 14 pour Fort-de-France (section 4).
Cette articulation est à peu près celle qu’avait préconisée Camille Darsières qui, en expert politique, y voyait un intérêt pour son camp. Il craignait qu’un candidat charismatique (« populiste », disait-il, suivez mon regard) sur l’ensemble de l’île ne parvienne à réunir sur son seul nom la majorité des électeurs et que le choix de ses suivants de liste ne relève que de son bon vouloir. Il lui paraissait prudent de casser cette possibilité et d’impliquer davantage les élus des secteurs, en particulier les maires, au lieu de favoriser l’échange direct entre un homme et un électorat. Cependant la désignation d’un responsable de liste, qui devrait être le premier nommé de l’une des quatre sections géographiques, mettra en évidence des leaders dont les noms seront visibles sur chaque bulletin de vote. Sauf avis contraire des juristes, on peut imaginer, par exemple, que Serge Letchimy, s’il est candidat, dirige à la fois une liste globale, avec son nom en exergue, et la section de Fort-de-France.
La superposition des quatre sections aux quatre circonscriptions législatives est cohérente. Mais cette cohérence est altérée par l’existence d’un nombre différent de communautés d’agglomérations dont on mesure aujourd’hui l’importance politique. Les présidents de communautés sont devenus des chefs d’exécutifs possédant une influence politique directe sur les maires dont ils ont récupéré une grande partie des compétences. En revanche, les chefs de sections que représentent les députés n’ont pas de véritable pouvoir. En un mot, le président Eugène Larcher qui n’est élu maire que par environ un millier d’électeurs peut beaucoup faire pour une commune du sud, pas le député Jean-Philippe Nilor.
L’avenir dira ce que sera l’impact électoral des communautés d’agglos dans le choix des élus de la future collectivité ainsi que, plus important, leur capacité à s’opposer à celle-ci. N’assistons-nous pas au remplacement, de fait, de l’une des deux collectivités disparues par trois autres, désormais dotées d’une indéniable puissance politique ? Ceux qui craignaient l’absence de tout contre-pouvoir face au futur président de la collectivité unique applaudiront la survenue de ces forces nouvelles. Déjà se dessine une nouvelle carte électorale où le RDM refait surface de façon spectaculaire et où les maires se regroupent autour de personnalités nouvelles inattendues.
Le choix que fera en 2015 le maire du Robert, poids lourd, à la fois, de la circonscription du Centre Atlantique et de Cap Nord, sera peut-être déterminant. Rappelons que, passant outre la position du RDM, Alfred Monthieux avait répondu, en homme libre, à l’invitation de Serge Letchimy au meeting électoral de François Hollande au Parc floral. Cependant n’a-t-il pas déjà choisi son camp au cours de la constitution du bureau de Cap Nord qui a pu apparaître à d’aucuns comme une chasse aux sorcières à l’endroit des élus de EPMN et à tout ce qui y ressemble ? Par ailleurs, les électeurs du maire du Robert et de sa rivale ne pourront certainement pas s’additionner derrière le même leader. Dès lors, le PPM pourrait confirmer une nouvelle prise à droite.
Des mesures prises en métropole pour consolider et développer les pouvoirs des communautés ont été étendues à l’identique à l’outre-mer. Leur application à la Martinique va à l’encontre de la suppression du millefeuille administratif prévue par la disparition du département et de la région. Il sera peut-être fait reproche aux parlementaires martiniquais, la main droite ignorant ce que fait la main gauche, d’avoir grippé le processus d’évolution institutionnelle en votant une loi qui limitera très sensiblement les pouvoirs de la nouvelle collectivité, qu’ils avaient souhaitée unique.
Qui avait parlé de désencayer la Martinique ?
Yves-Léopold Monthieux, le 28 avril 2014
Dans chaque section, qui ne pourra pas être présentée séparément, les listes devront présenter un nombre déterminé de candidats, répartis comme suit : 17 pour le Centre-Atlantique (section 1), 16 pour le Nord (section 2), 16 pour le Sud (section 3) et 14 pour Fort-de-France (section 4).
Cette articulation est à peu près celle qu’avait préconisée Camille Darsières qui, en expert politique, y voyait un intérêt pour son camp. Il craignait qu’un candidat charismatique (« populiste », disait-il, suivez mon regard) sur l’ensemble de l’île ne parvienne à réunir sur son seul nom la majorité des électeurs et que le choix de ses suivants de liste ne relève que de son bon vouloir. Il lui paraissait prudent de casser cette possibilité et d’impliquer davantage les élus des secteurs, en particulier les maires, au lieu de favoriser l’échange direct entre un homme et un électorat. Cependant la désignation d’un responsable de liste, qui devrait être le premier nommé de l’une des quatre sections géographiques, mettra en évidence des leaders dont les noms seront visibles sur chaque bulletin de vote. Sauf avis contraire des juristes, on peut imaginer, par exemple, que Serge Letchimy, s’il est candidat, dirige à la fois une liste globale, avec son nom en exergue, et la section de Fort-de-France.
La superposition des quatre sections aux quatre circonscriptions législatives est cohérente. Mais cette cohérence est altérée par l’existence d’un nombre différent de communautés d’agglomérations dont on mesure aujourd’hui l’importance politique. Les présidents de communautés sont devenus des chefs d’exécutifs possédant une influence politique directe sur les maires dont ils ont récupéré une grande partie des compétences. En revanche, les chefs de sections que représentent les députés n’ont pas de véritable pouvoir. En un mot, le président Eugène Larcher qui n’est élu maire que par environ un millier d’électeurs peut beaucoup faire pour une commune du sud, pas le député Jean-Philippe Nilor.
L’avenir dira ce que sera l’impact électoral des communautés d’agglos dans le choix des élus de la future collectivité ainsi que, plus important, leur capacité à s’opposer à celle-ci. N’assistons-nous pas au remplacement, de fait, de l’une des deux collectivités disparues par trois autres, désormais dotées d’une indéniable puissance politique ? Ceux qui craignaient l’absence de tout contre-pouvoir face au futur président de la collectivité unique applaudiront la survenue de ces forces nouvelles. Déjà se dessine une nouvelle carte électorale où le RDM refait surface de façon spectaculaire et où les maires se regroupent autour de personnalités nouvelles inattendues.
Le choix que fera en 2015 le maire du Robert, poids lourd, à la fois, de la circonscription du Centre Atlantique et de Cap Nord, sera peut-être déterminant. Rappelons que, passant outre la position du RDM, Alfred Monthieux avait répondu, en homme libre, à l’invitation de Serge Letchimy au meeting électoral de François Hollande au Parc floral. Cependant n’a-t-il pas déjà choisi son camp au cours de la constitution du bureau de Cap Nord qui a pu apparaître à d’aucuns comme une chasse aux sorcières à l’endroit des élus de EPMN et à tout ce qui y ressemble ? Par ailleurs, les électeurs du maire du Robert et de sa rivale ne pourront certainement pas s’additionner derrière le même leader. Dès lors, le PPM pourrait confirmer une nouvelle prise à droite.
Des mesures prises en métropole pour consolider et développer les pouvoirs des communautés ont été étendues à l’identique à l’outre-mer. Leur application à la Martinique va à l’encontre de la suppression du millefeuille administratif prévue par la disparition du département et de la région. Il sera peut-être fait reproche aux parlementaires martiniquais, la main droite ignorant ce que fait la main gauche, d’avoir grippé le processus d’évolution institutionnelle en votant une loi qui limitera très sensiblement les pouvoirs de la nouvelle collectivité, qu’ils avaient souhaitée unique.
Qui avait parlé de désencayer la Martinique ?
Yves-Léopold Monthieux, le 28 avril 2014