TRIBUNE DE THIERRY LESEL VICE PRESIDENT DU MODEM: DU CHAOS A LA RENAISSANCE


Rédigé le Samedi 14 Novembre 2009 à 06:52 |

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Tribune Thierry LESEL
Vice Président du Modem972


En Martinique, Les années se suivent mais les habitudes et manières de faire la politique restent. A l’heure des bilans, nous voilà divisés une fois de plus par un débat statutaire stérile mis en scène comme toujours par les partis de droite comme de gauche.
Le résultat est souvent la dispersion des énergies, le malaise politique, l’incertitude économique, la lassitude morale, la souffrance sociale. Il est assez facile à certains se vautrer dans une logique « camp contre camp » ou de se dire de droite, de gauche, autonomistes ou indépendantistes. Ces notions d’étiquettes politiques n’ont qu’un parfum hexagonal et ne veulent rien dire en Martinique car les contradictions de ceux qui nous gouvernent, se multiplient. Passons en revue quelques exemples de pas de danse:


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1°) ambigüités Hip hop chez les indépendantistes

- Certains classent Mr Marie Jeanne à gauche. On peut en douter lorsqu’on se remémore l’élection de Feu Emile Maurice ou le « blanc douvan, blan deyè .» avait contribuer à élire un président de droite alors que la majorité de l’assemblée départementale était à gauche.
- Les indépendantistes sont pour l’autonomie et nous certifient avoir mis leur drapeau dans leur poche car ils insistent pour dire que l’autonomie dans l’article 74 n’est pas un pas vers l’indépendance .leur bible est Nicolas Sarkozy comme garant. Ils traitent même de malhonnêtes ceux qui les accusent de nous y mener.

-Les indépendantistes se servent du discours identitaire pour leur fond de commerce et n’hésitent pas à dresser les différentes composantes de la sociét]mail:é martiniquaise les unes contre les autres.
-Ils passent leur temps à revendiquer notre appartenance au peuple martiniquais mais s’accommodent aisément du fait qu’une partie de ce peuple ne soit pas consultée. Ceux la même qui sont partis le plus souvent dans l’hexagone avec l’espoir de retour un jour soit pour leurs études, soit pour leur avenir professionnelle faute de perspectives locales offertes par le travail de nos élus.

-Le leader indépendantiste, à cours d’arguments, pour convaincre du bien fondé du passage à l’article 74 de la constitution se met dans la balance : voter 74 c’est voter pour moi. Après Papa Césaire, Papa De Gaulle, Papa Lagro, Papa Bissette…et j’en passe ! Nous voilà de nouveau avec le culte des Papas. Mais en fait de nous re-infantiliser Il faut se réveiller ; alors que le travail premier des indépendantistes était l’émancipation des masses, ce type d’attitude est loin d’aller dans ce sens.

A force d’utiliser la région comme distributeur automatique selon son bon vouloir, on peut croire un moment, avoir droit au titre de Papa mais à l’heure des familles recomposées, c’est un beau père(en français pas en créole.)... que nous récoltons.

Je crois qu’avec tout le respect et l’affection que la Martinique porte à Mr Marie Jeanne, il convient de lui dire de s’épargner le combat de trop.Le seul amour qui conduit à la séparation est bien celui : parent –enfant. Peut être est ce pour cela qu’il nous sert ce rôle de Papa ?

2°) pas de tango chez les autonomistes

-Les autonomistes du PPM appellent à voter contre l’autonomie dans l’article 74 tout en affirmant leur attachement au cadre institutionnel actuel et veulent que l’on vote pour une collectivité unique dans six ans.

Si l’on pousse l’analyse de leur position, c’est le cas de st martin qu’il souhaite mais vu ce qui s’est passé lors du chiffrage négocié du transfert de compétences : « chat échaudé craint l’eau froide ». Mettons une nuance, parlons de 73 au lieu de 74 et le tour est joué.
3°) pas de slow chez la droite

-Les départementalistes de droite se servent du manque de confiance et de sérénité du peuple qu’en à l’avenir pour les manipuler à chaque échéance électorale où ce peuple doit exprimer ce qu’il souhaite pour lui et ses enfants

-Les départementalistes FMP, UMP se disent prêts à se convertir à l’autonomie mais trouvent que la Martinique n’est pas encore assez responsable et donc pas prête à sauter ce pas car les transferts sociaux et notre appartenance à l’Europe sont les deux mamelles indispensables au peuple Martiniquais.

4°) danse du ventre chez nos élus, en général

-Les élus passent leur temps à dénoncer un Etat mauvais payeur avec la décentralisation mais en qui ils font confiance car ils sont persuadés qu’il deviendra généreux avec nous lorsqu’on aura l’autonomie
-Les élus parlent de non remise en cause de notre appartenance à l’Europe alors qu’ils s’apprêtent à prendre des mesures et lois dans l’article 74, qui sont en contradiction avec les textes fondateurs de l’union européenne

-Les élus disent que pour la sauvegarde du foncier, le passage à l’article 74 permettra de prendre des mesures contre la dilapidation des terres, or ce sont eux qui déclassent les terres
Les états généraux de l’outre mer ont montré que nous réclamons plus d’état alors que nos élus veulent plus de pouvoir : le président nous met le nez dans nos contradictions. Il nous répond par une re-concentration des pouvoirs par une promotion du préfet au statut de gouverneur sur fond de désengagement financier de l’état.

Messieurs les élus au pouvoir, qu’avez-vous fait de cette Martinique qui vous a été confiée ?
« Nou pé ké lésé zot tiré boyo pou mété paille !..»

5°) bossa nova chez nos leaders de la société civile

-Les syndicalistes sont en mal de reconnaissance et ne rêvent que du grand soir de la révolution ; leur nouveau hochet est le droit de retrait plutôt que le droit de grève .Il ne faut pas oublier que ce sont tous des fonctionnaires

Que voulez vous que « Ti Sonson » pense de tout cela ?

« tout koyon mô sen piè ! .sa ki an fal –ou sé taw !.. Un tien vaut mieux que deux tu l’auras !... »
« Ti Sonson » se rattache aux acquis, obtenus par nos ainés en guise de réparation comme l’égalité sociale... Va-t-il remplacer ce concret par l’utopie refondatrice du culte de beau père mulâtre (qui parce que complexé se fait appeler « chabin ») ? C’est mal le connaitre !.

Voila la matérialisation du divorce entre le peuple et ses élites intellectuelles, politiques et de la société civile.

Ce ne sont pas les institutions qu’il faut changer, ce sont les hommes. À droite comme à gauche. Car, n’en déplaise à ceux qui, pour survivre ou exister, cherchent, vainement, à faire naître la confusion les tensions et le ressentiment, les martiniquais, de plus en plus, aspirent, légitimement, à vivre dans un pays plus apaisé. Un pays enfin réconcilié avec lui-même.

Même si je suis persuadé que tous ces hommes politiques aiment profondément leur pays, Lorsqu’ils auront compris qu’il faut que nous arrêtions de nous « tirer une balle dans le pied » avant d’entamer le marathon des difficultés du quotidien, la Martinique pourra se remettre en ordre de marche et sortir du bord du chaos qui aujourd’hui la menace.

Les étiquettes divisent alors que les valeurs rassemblent spécialement dans la situation ou la Martinique se trouve. Chacun d’entre nous a en tête et dans le cœur le souci de la Martinique. On a besoin de ceux qui se réclament de droite, comme de ceux qui se réclament de gauche, mais aussi de ceux qui tout comme nous au Modem, ne se reconnaissent plus dans ces clivages dépassés mais surtout de toutes les forces vives pourvu qu’elles acceptent d’abandonner leur dogmatisme idéologique pour regarder dans la même direction. La Martinique a besoin, de tous ses talents..
« Fôk tout ich’peï-a mété yo anlè bwa drésé …pou Matnik pa désalé ! »

Tel est l’enseignement que nous devons tirer de cette année de crise : la réconciliation si l’on veut fédérer les énergies afin que la Martinique bénéficie d’un véritable développement,
La réconciliation est une condition nécessaire de notre cohésion sociale !Notre peuple a un passé douloureux et vit depuis trop longtemps avec des blessures jamais cicatrisées.

Ce passé « non réglé » empêche l’apaisement et la concorde nécessaires à toute société. Nous devons le regarder en face, le surmonter et tout faire pour avancer.
Nous devons développer un nouveau contrat de société incluant tous les martiniquais pour vivre une société plus fraternelle, plus unie : réconciliée avec elle-même.

La nécessaire remise en route de l’ascenseur social, actuellement en panne, est la condition suffisante. La principale cause de cette panne est « le filon », les passes droits et les préjugés qui empêchent l’égalité des chances.

Le modèle de société réconciliée que nous voulons construire passe par une volonté de participation du citoyen et de coopération entre toutes les composantes de la société. C’est un modèle de justice croissante par opposition au modèle matérialiste dominant actuel, celui d’inégalité croissante.
Même si l’énergie développée par les individus, au profit de la société actuelle, est considérable car elle bénéficie de la certitude que chacun peut avoir accès matériellement à tout pour soi et ses enfants ; Si l’on ne combat pas « la profitation et le doucinage » qui se nourrissent elle-même des inégalités, c’est « un marché de dupes » qui conduit à l’explosion sociale.

Seule une société réconciliée, bâtie sur « la loi du plus juste » permettra d’envisager un avenir meilleur.

Le Modem veut être la voix de cette Martinique-là.

Thierry LESEL
Vice Président du Modem972


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