Konvwa pou lé réparasyon 2011
Depuis la nuit des temps les violences ont toujours habité la Nature, elles ont donc toujours habité l’HOMME.
La violence est donc un phénomène naturel que ni l’être humain, ni la société ne sauront évacuer des mutations du monde. Au cours de la longue histoire de l’Humanité, elle s’est manifestée sous des registres variés entrainant ainsi tragédies plus ou moins bouleversantes. Cependant le résultat demeure toujours le même : « Assurer la domination d’un camp sur un autre camp ».
- domination d’un individu sur un autre individu
- domination d’une classe sur une autre classe
- domination d’une ethnie sur une autre ethnie
- domination d’une prétendue race sur une autre prétendue race
- domination d’une religion sur une autre religion
- domination d’un peuple sur un autre peuple
Si toute violence est synonyme d’exploitation voire d’anéantissement il convient de signaler qu’elle est dans sa forme dichotomisante et déchirante en ce qu’elle relève consubstantiellement d’une fragmentation de la société. En effet il s’agit d’opposer groupe contre groupe, exploitant contre exploité, dominateur contre dominé, etc.…
En Martinique, comme en Guadeloupe ou en Guyane la violence est passée des formes les plus dénaturo-destructrices (spoliation, déportation, esclavage, colonisation) aux formes les plus pernicieuses (assimilation-départementalisation) et mêmes subtiles (départementalisation-décentralisation) pour rester finalement toujours déshumanisante et infériorisante.
En effet philosophiquement, culturellement, économiquement, ethniquement, administrativement et même confessionnellement tout est organisé pour que les descendants des esclavagistes, prolongement de leur métropole, règnent en maîtres absolus sur les descendants d’africains déportés rendus esclaves. Le poids de la métropole du colon est si troublant qu’on va faire commencer l’histoire de la Martinique à partir du débarquement de Christophe Colomb, niant du coup cinq millénaires d’existence de civilisation amérindienne. Nous vivons toujours sous le régime de la violence subie ou violence réactionnaire dont des peuples colonisés se sont débarrassés en opposant une violence active, révolutionnaire qui les a conduits à maîtriser leur destin.
Cette violence active, révolutionnaire se veut en quelque sorte réparatrice en ce qu’elle invalide les lignes de démarcation, les compartiments, installés par le colon. Elle déprogramme l’histoire écrite par le colon pour reprogrammer l’histoire des peuples qui cherchent à assumer leur propre existence à partir de leur système de codification ; elle est unificatrice car elle libère le colonisé des frontières fixées par le colon et lui permet d’agir sur la base de la nation c’est à dire en intégrant le respect des diversités. Elle est enfin revitalisante car elle amène « le colonisé à découvrir que sa vie, sa respiration, les battements de son cœur sont les mêmes que ceux du colon ; et qu’une peau de colon ne vaut pas plus qu’une peau d’indigène. » Frantz FANON
Force est de constater, qu’ici en Martinique, nous ne sommes pas au stade de cette violence libérée. Au contraire, la violence générée par les périodes de l’esclavage, de la spoliation, de la colonisation, est toujours enfouie chez le peuple et elle est léguée de génération en génération. Elle est assimilée à une sorte d’ «agressivité sédimentée dans les muscles qui se tournera aisément contre les congénères». (F. FANON)
Elle fait de nous, de temps en temps, des individus persécutés prêts à s’empoigner à la maison, dans la rue, dans le quartier au moindre petit détail. Ce climat conflictuel empire avec la conjoncture internationale qui s’appuie sur les technologies de l’information et de la communication pour distiller au monde toutes les formes de violences générées par la civilisation du parler sans avoir à se rencontrer, qui s’appliquent à faire l’apologie de la consommation de biens matériels et de vices. Cela est d’autant plus grave quand on sait que ces technologies sont contrôlées et au service des USA qui les utilisent pour imposer au monde son mode de penser, son mode de développer, son modèle culturel, son modèle d’habillement, de consommer dans le seul intérêt d’assurer la suprématie de l’occident dominé pour le compte des cartels financiers et bancaires internationaux. Ainsi, comme tous les peuples de la planète sommes nous contraints de subir cette violence mondialisée qui vient se greffer à la violence coloniale subie.
Le solde de cette double violence est illustré par deux voies avérées qui tendent à transformer la vie des martiniquais :
- l’une concerne davantage la jeunesse, c’est l’autodestruction collective qui conduit soit à la mort ou aux handicaps mentaux ou musculaires (elle occupe tous les espaces de vie populaire : maisons, écoles, quartiers, rues, …) ; soit au remplissage des prisons dont on se demande comment il faudrait agir tant sur le quantitatif que sur la qualitatif.
- l’autre concerne les personnes d’âge mûr qui versent dans le fatalisme et disculpent du coup « toute initiative à l’oppresseur, la cause des maux, de la misère, du destin, revenant à Dieu.
L’individu accepte ainsi la dissolution décidée par Dieu, s’aplatit devant le colon et devant le sort et, par une sorte de rééquilibration intérieure, accède à une sérénité en pierre » FANON
Entre temps la vie continue … et le colon renforce sa puissance et son pouvoir.
Fort de ce constat qui vient justifier toutes les analyses de FANON sur la violence, le MIR a décidé de chercher des thérapies contre la violence sociétale en Martinique en s’appuyant sur des réflexions et des actions liées à la réparation à la lumière des écrits de FANON dont cette année marque le 50ème anniversaire de son décès.
Aussi la thématique du 11ème Konvwa pou Réparasyon se résume en cette affirmation : « Réparasyon sé rimèd Violans »
Il s’agit là de cette autoréparation qui nous donne force matérielle et spirituelle à travers la marche pour mieux analyser la réparasyon dans sa globalité et plus généralement dans les rapports descendants d’esclaves et Etat esclavagiste ou descendants d’esclaves et descendants d’esclavagistes encore représentants de leur métropole. Vu sous cet angle l’autoréparation illustrée dans le Konvwa est synonyme de violence assumée. C’est cette violence assumée qui va permettre à la fois aux égarés, et aux assistés de la grande famille afro-descendante et alliés de revenir dans l’esprit du Konvwa pour convenir ensemble d’un grand projet.
Le Konvwa devient, tout come l’auto réparation, une « médiation royale ». Nous nous libérons dans et par le Konvwa. Cette praxis nous illumine parce qu’elle nous indique les moyens et la finalité. Elle nous renvoie à la pensée de CESAIRE qui dans une des pages des Armes miraculeuses où le Rebelle s’explique :
« Mon nom : offensé ; mon prénom : humilié ; mon état : révolté ; mon âge : l’âge de la pierre. »
La violence est donc un phénomène naturel que ni l’être humain, ni la société ne sauront évacuer des mutations du monde. Au cours de la longue histoire de l’Humanité, elle s’est manifestée sous des registres variés entrainant ainsi tragédies plus ou moins bouleversantes. Cependant le résultat demeure toujours le même : « Assurer la domination d’un camp sur un autre camp ».
- domination d’un individu sur un autre individu
- domination d’une classe sur une autre classe
- domination d’une ethnie sur une autre ethnie
- domination d’une prétendue race sur une autre prétendue race
- domination d’une religion sur une autre religion
- domination d’un peuple sur un autre peuple
Si toute violence est synonyme d’exploitation voire d’anéantissement il convient de signaler qu’elle est dans sa forme dichotomisante et déchirante en ce qu’elle relève consubstantiellement d’une fragmentation de la société. En effet il s’agit d’opposer groupe contre groupe, exploitant contre exploité, dominateur contre dominé, etc.…
En Martinique, comme en Guadeloupe ou en Guyane la violence est passée des formes les plus dénaturo-destructrices (spoliation, déportation, esclavage, colonisation) aux formes les plus pernicieuses (assimilation-départementalisation) et mêmes subtiles (départementalisation-décentralisation) pour rester finalement toujours déshumanisante et infériorisante.
En effet philosophiquement, culturellement, économiquement, ethniquement, administrativement et même confessionnellement tout est organisé pour que les descendants des esclavagistes, prolongement de leur métropole, règnent en maîtres absolus sur les descendants d’africains déportés rendus esclaves. Le poids de la métropole du colon est si troublant qu’on va faire commencer l’histoire de la Martinique à partir du débarquement de Christophe Colomb, niant du coup cinq millénaires d’existence de civilisation amérindienne. Nous vivons toujours sous le régime de la violence subie ou violence réactionnaire dont des peuples colonisés se sont débarrassés en opposant une violence active, révolutionnaire qui les a conduits à maîtriser leur destin.
Cette violence active, révolutionnaire se veut en quelque sorte réparatrice en ce qu’elle invalide les lignes de démarcation, les compartiments, installés par le colon. Elle déprogramme l’histoire écrite par le colon pour reprogrammer l’histoire des peuples qui cherchent à assumer leur propre existence à partir de leur système de codification ; elle est unificatrice car elle libère le colonisé des frontières fixées par le colon et lui permet d’agir sur la base de la nation c’est à dire en intégrant le respect des diversités. Elle est enfin revitalisante car elle amène « le colonisé à découvrir que sa vie, sa respiration, les battements de son cœur sont les mêmes que ceux du colon ; et qu’une peau de colon ne vaut pas plus qu’une peau d’indigène. » Frantz FANON
Force est de constater, qu’ici en Martinique, nous ne sommes pas au stade de cette violence libérée. Au contraire, la violence générée par les périodes de l’esclavage, de la spoliation, de la colonisation, est toujours enfouie chez le peuple et elle est léguée de génération en génération. Elle est assimilée à une sorte d’ «agressivité sédimentée dans les muscles qui se tournera aisément contre les congénères». (F. FANON)
Elle fait de nous, de temps en temps, des individus persécutés prêts à s’empoigner à la maison, dans la rue, dans le quartier au moindre petit détail. Ce climat conflictuel empire avec la conjoncture internationale qui s’appuie sur les technologies de l’information et de la communication pour distiller au monde toutes les formes de violences générées par la civilisation du parler sans avoir à se rencontrer, qui s’appliquent à faire l’apologie de la consommation de biens matériels et de vices. Cela est d’autant plus grave quand on sait que ces technologies sont contrôlées et au service des USA qui les utilisent pour imposer au monde son mode de penser, son mode de développer, son modèle culturel, son modèle d’habillement, de consommer dans le seul intérêt d’assurer la suprématie de l’occident dominé pour le compte des cartels financiers et bancaires internationaux. Ainsi, comme tous les peuples de la planète sommes nous contraints de subir cette violence mondialisée qui vient se greffer à la violence coloniale subie.
Le solde de cette double violence est illustré par deux voies avérées qui tendent à transformer la vie des martiniquais :
- l’une concerne davantage la jeunesse, c’est l’autodestruction collective qui conduit soit à la mort ou aux handicaps mentaux ou musculaires (elle occupe tous les espaces de vie populaire : maisons, écoles, quartiers, rues, …) ; soit au remplissage des prisons dont on se demande comment il faudrait agir tant sur le quantitatif que sur la qualitatif.
- l’autre concerne les personnes d’âge mûr qui versent dans le fatalisme et disculpent du coup « toute initiative à l’oppresseur, la cause des maux, de la misère, du destin, revenant à Dieu.
L’individu accepte ainsi la dissolution décidée par Dieu, s’aplatit devant le colon et devant le sort et, par une sorte de rééquilibration intérieure, accède à une sérénité en pierre » FANON
Entre temps la vie continue … et le colon renforce sa puissance et son pouvoir.
Fort de ce constat qui vient justifier toutes les analyses de FANON sur la violence, le MIR a décidé de chercher des thérapies contre la violence sociétale en Martinique en s’appuyant sur des réflexions et des actions liées à la réparation à la lumière des écrits de FANON dont cette année marque le 50ème anniversaire de son décès.
Aussi la thématique du 11ème Konvwa pou Réparasyon se résume en cette affirmation : « Réparasyon sé rimèd Violans »
Il s’agit là de cette autoréparation qui nous donne force matérielle et spirituelle à travers la marche pour mieux analyser la réparasyon dans sa globalité et plus généralement dans les rapports descendants d’esclaves et Etat esclavagiste ou descendants d’esclaves et descendants d’esclavagistes encore représentants de leur métropole. Vu sous cet angle l’autoréparation illustrée dans le Konvwa est synonyme de violence assumée. C’est cette violence assumée qui va permettre à la fois aux égarés, et aux assistés de la grande famille afro-descendante et alliés de revenir dans l’esprit du Konvwa pour convenir ensemble d’un grand projet.
Le Konvwa devient, tout come l’auto réparation, une « médiation royale ». Nous nous libérons dans et par le Konvwa. Cette praxis nous illumine parce qu’elle nous indique les moyens et la finalité. Elle nous renvoie à la pensée de CESAIRE qui dans une des pages des Armes miraculeuses où le Rebelle s’explique :
« Mon nom : offensé ; mon prénom : humilié ; mon état : révolté ; mon âge : l’âge de la pierre. »