Le choix des urnes assumé par les partis indépendantistes se trouve en phase avec les aspirations à une gouvernance autocentrée dont les porte-parole ne peuvent être que les députés, véritables ambassadeurs du peuple martiniquais auprès des autorités chargées au plus haut niveau de la gestion de la République Française. L’inflexion de plus en plus légaliste des luttes en vue d’une authentique émancipation aura été couronnée de succès, mais elle ne suffit pas à assurer le salut de la nation martiniquaise.
UNE NOUVELLE FENETRE ?
Il y urgence à ce que le pays-Martinique soit rassemblé et acquière une conscience de plus en plus aiguë de lui-même comme nation. Il importe qu’au-delà des enjeux législatifs traditionnels, soit mise en œuvre explicitement une nouvelle approche du rôle d’un député martiniquais. A cet égard, une fenêtre semble s’ouvrir avec la nouvelle donne politique issue des présidentielles, et je ne doute pas qu’elle soit mise à profit. Il convient aussi impérativement que soit ré-analysé et redéfini hors des ambiguïtés ambiantes le concept d’indépendance et ce, à la lumière des mutations qui s’opèrent dans notre société et dans le monde. J’ai déjà donné mon avis sur ce sujet, que je ne désespère pas de voir repris dans l’agenda d’un souhaitable risorgimento. Cette opération est tout à la fois idéologique et politique et elle peut et doit se réaliser de façon pragmatique et réaliste, sans reniement des objectifs émancipateurs, de manière à entraîner aux prochaines échéances législatives une adhésion encore plus large, propre à intégrer l’ensemble des circonscriptions qui définissent la géographie électorale du pays. De la sorte une véritable unanimité populaire via nos députés pourra exprimer en toute clarté un projet martiniquais novateur.
UN PEUPLE A REMEMBRER
Sans ignorer les enjeux (à ne pas minorer) de la prochaine assemblée unique et sans le moins du monde faire l’impasse sur les luttes et intérêts de classe qui structurent jusqu’à nouvel ordre toute vie politique, il y a lieu de travailler à repriser le tissu de la société martiniquaise, à y instaurer les dialogues qui lui font cruellement défaut et dont le déficit abyssal obère l’indispensable solidarité d’appartenance sans laquelle nos combats seront voués à une tragique incertitude. Bref, nous devons « kolé tett, kolé zépol » (pour reprendre l’expression empruntée par Robert Saë au créole haïtien et conséquemment inscrite, par rencontres et colloques interposés, mais sans frontières imposées, dans une patiente entreprise collective de remembrement). A pareille tâche, nous devons nous consacrer afin de parvenir à faire vraiment peuple. Oui, loin des dérives identitaristes qui nient le fait que tous les peuples sont en construction permanente et qu’on ne saurait les figer dans une définition abstraite ! Et, tout autrement que de manière verbeuse, nous avons l’impérieux devoir de concrétiser une volonté collective. Sé sel manniè pou lévé ek tjenbé douboutt anba chalè soley-la !
Texte de Jean Bernabé
UNE NOUVELLE FENETRE ?
Il y urgence à ce que le pays-Martinique soit rassemblé et acquière une conscience de plus en plus aiguë de lui-même comme nation. Il importe qu’au-delà des enjeux législatifs traditionnels, soit mise en œuvre explicitement une nouvelle approche du rôle d’un député martiniquais. A cet égard, une fenêtre semble s’ouvrir avec la nouvelle donne politique issue des présidentielles, et je ne doute pas qu’elle soit mise à profit. Il convient aussi impérativement que soit ré-analysé et redéfini hors des ambiguïtés ambiantes le concept d’indépendance et ce, à la lumière des mutations qui s’opèrent dans notre société et dans le monde. J’ai déjà donné mon avis sur ce sujet, que je ne désespère pas de voir repris dans l’agenda d’un souhaitable risorgimento. Cette opération est tout à la fois idéologique et politique et elle peut et doit se réaliser de façon pragmatique et réaliste, sans reniement des objectifs émancipateurs, de manière à entraîner aux prochaines échéances législatives une adhésion encore plus large, propre à intégrer l’ensemble des circonscriptions qui définissent la géographie électorale du pays. De la sorte une véritable unanimité populaire via nos députés pourra exprimer en toute clarté un projet martiniquais novateur.
UN PEUPLE A REMEMBRER
Sans ignorer les enjeux (à ne pas minorer) de la prochaine assemblée unique et sans le moins du monde faire l’impasse sur les luttes et intérêts de classe qui structurent jusqu’à nouvel ordre toute vie politique, il y a lieu de travailler à repriser le tissu de la société martiniquaise, à y instaurer les dialogues qui lui font cruellement défaut et dont le déficit abyssal obère l’indispensable solidarité d’appartenance sans laquelle nos combats seront voués à une tragique incertitude. Bref, nous devons « kolé tett, kolé zépol » (pour reprendre l’expression empruntée par Robert Saë au créole haïtien et conséquemment inscrite, par rencontres et colloques interposés, mais sans frontières imposées, dans une patiente entreprise collective de remembrement). A pareille tâche, nous devons nous consacrer afin de parvenir à faire vraiment peuple. Oui, loin des dérives identitaristes qui nient le fait que tous les peuples sont en construction permanente et qu’on ne saurait les figer dans une définition abstraite ! Et, tout autrement que de manière verbeuse, nous avons l’impérieux devoir de concrétiser une volonté collective. Sé sel manniè pou lévé ek tjenbé douboutt anba chalè soley-la !
Texte de Jean Bernabé