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MOT CREOLE DU JOUR, BWA-BWA. Avec l'autorisation de JOSAPHA LUCE

Le mot créole bwa-bwa a longtemps eu une étymologie obscure à cause de sa graphie ultra francisée (bois-bois). Il faut se tourner vers l’Afrique pour trouver son origine. Dans les anciennes cultures d’obédience fongbé, le mot « bo’a bo’a » signifiait « gris-gris des gris-gris ».



Photo www.galerie-art-africain.com
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Pas n’importe quel gris-gris donc, mais celui que l’on pouvait hisser au niveau de Dieu. Or, l’on sait que les premiers esclaves Africains qualifiaient la croix, symbole du christianisme, de gris-gris : «Enfin, ils m’ont paru fort superstitieux, ayant mille petits morceaux d’étoffe pliez à leur façon, à qui ils attribuent beaucoup de vertu…

Ils ont donné le nom de gry gry à toutes ces bagatelles & lorsqu’ils voyent nos scapulaires & nos croix, ils les traitent de même nom. Il est vray, sans vouloir profaner nos reliques, qu'il y a en cela quelque espèce de conformité, car ils croyent aussi bien que nous, que toutes ces choses ont le pouvoir de les sauver de bien des rencontres. » (Ancelin de Gémozac).

Vous l’aurez donc compris de vous-même, le bo’a bo’a, que dis-je, la croix, ce fameux « super gris-gris » selon les dires des Africains qu’exhibaient fièrement les premiers ecclésiastiques changea de destination, servant tantôt d’austère épouvantail destiné à chasser les oiseaux, quand elle n’entrait pas carrément dans la confection du Vaval de service, objet de toutes les dérisions.

Les marionnettes, souvent confectionnées en forme de croix désarticulées, étaient appelées « ti-bwa-bwa » par les anciens. De nos jours, au sens figuré, le bwabwa désigne la personne un peu idiote et sans verve, souvent indécise, sans aucune autorité, plantée là comme un épouvantail de dissuasion au lieu d’agir.

Dimanche 29 Mai 2016

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