MARTINIQUE politique: 3000 Courbarils et pas un de moins ! Par Rodolphe Désiré.


Rédigé le Lundi 22 Janvier 2018 à 01:53 |
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Rodolphe Désiré, sait surprendre par ses propos. C'est ce qu'il aura fait à la fête patronale du Marin. Edouard de Lépine qui y était, et qui nous gratifie de ses observations, considère que voila ici un texte important. Nous vous le partageons. A vous de juger


FETE PATRONALE 2018

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais tout d’abord souhaiter la bienvenue à tous ceux qui ont accepté notre invitation à cette commémoration de la fête patronale traditionnelle de notre Commune Saint- Etienne du Cul de Sac du Marin. La fête patronale est une des manifestations qui maintient le ciment séculaire entre les habitants de nos communes républicaines, ne sont-elles issues de nos anciennes paroisses ?

Permettez-moi en préambule de saluer parmi nous la présence de :

Madame Corinne BLANCHOT-PROSPER, Sous-Préfète du
marin
 Mesdames les députés : Josette MANIN et Manuela
MONDESIR
 Madame la Sénatrice Madame Catherine CONCONNE
 Monsieur le Député Jean-Philippe NILOR
 Mesdames, Messieurs les Maires et Conseillers présents

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Permettez-moi de remercier mes collègues Maires du Vauclin, Raymond OCCOLIER, de Rivière-Pilote, Raymond THEODOSE, de Sainte-Luce, Nicaise MONROSE et de Sainte-Anne, Jean-Michel GEMIEUX d’avoir bien voulu accepter la Présidence d’honneur de la fête patronale du Marin ce 07 Janvier 2018

Je fais un salut amical à mes amis qui sont dans la salle Mesdames, messieurs en vos titres et qualités respectifs, La fête patronale du Marin est la première de l’année en cours et à cette occasion, je tenais à ce geste de solidarité entre nos 5 communes sœurs, voisines du Sud de la Martinique : Vauclin, Rivière-Pilote, Sainte-Luce, Saint-Anne, qui ont tant de choses en commun : l’Histoire, la géographie, les liens familiaux ; et qui à mon avis aujourd’hui ont intérêt de se solidariser beaucoup plus sur le plan culturel, social et économique.

Et je propose que dans les semaines qui viennent nous ayons l’occasion de nous rencontrer pour en reparler. Il s’agit de tourner véritablement nos communes vers la mer, ce qui a toujours été leur tradition séculaire.

Je résumerai ma pensée en citant ce proverbe Africain : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Lors de mon intervention à l’occasion de ce premier dimanche de la fête du Marin, j’ai pour habitude de faire un état des lieux sur la situation de la Commune.

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Regarder en arrière le chemin parcouru pour mieux définir ce qu’il reste à faire pour l’avenir. 2017 a été une année très difficile « Anni horibilis ». Les effets du crash financier international de 2017 ajoutés à la crise de 2009 ont continué à se faire ressentir.

Nos recettes de fonctionnement n’ont pas retrouvé le niveau qu’elles avaient en 2009, avant la crise. Il est de notoriété publique que depuis 4 ans les dotations de l’Etat ont fortement baissé, notamment la dotation globale de fonctionnement. Parallèlement, nos dépenses de fonctionnement n’ont cessé d’augmenter, principalement notre masse salariale.

C’est dans ce contexte que le Marin a dû faire face à des dépenses d’investissement considérables en 2015, notamment la construction du nouveau centre de carénage. Il s’agissait de nous positionner de manière durable dans le domaine de la maintenance des bateaux et de la navigation de plaisance, face à la concurrence des Iles voisines qui ne fait qu’augmenter, (Saint-Vincent, Grenade, Barbade, Sainte- Lucie).

Le nouveau centre de carénage a été inauguré le 10 janvier 2016. Aujourd’hui, il est saturé (fin 2017, plus d’une trentaine de bateaux de plus de 30 mètres ont dû être refusés).

C’est donc un succès complet dans ce domaine ; car le centre de carénage du marin et le bassin de radoub à Fort-De-France qui peut caréner des bateaux de 2500 tonnes, mettent la

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Martinique en pole position dans la Caraïbe pour la maintenance des bateaux, dans une zone allant de Miami au Venezuela. Cependant, comme je l’avais déjà signalé l’année dernière, bien que l’opération de construction soit terminée dans les temps, nous nous retrouvons avec une ardoise de 1,3 Millions d’euros qui n’a pas été remboursés à la commune sur la subvention FEDER. Ce qui, vous le comprenez bien, nous a exposé à une très difficile situation budgétaire et financière et à un contrôle de la Chambre régionale des Comptes.

Cette situation est la conséquence des discontinuités des financements publics suite à l’évolution institutionnelle de la Martinique, fin 2015 par l’avènement de la collectivité territoriale de la Martinique en lieu et place des collectivités régionale et départementale précédentes. Pourtant, ces difficultés ne nous ont pas empêchées de poursuivre l’aménagement du Fond du Cul de Sac tel que programmé en 2017, à savoir :

 L’organisation du mouillage par la mise en place de bouées des chenaux menant au Port de Plaisance et au Centre de Carénage,

 À la construction du petit centre nautique destiné à l’apprentissage de la voile par les enfants des établissements scolaires du Marin,
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 Aux travaux d’enrobés au Morne-Gommier

 Et la réalisation d’une voie d’accès sur la route du quartier Berry, la réhabilitation de la Maison des Associations..Etc... Dans le même temps, fort heureusement le Port de Plaisance du Marin s’est modernisé et a renforcé son réceptif ces dernières années, ce qui lui a permis d’obtenir pour la 10ème année consécutive, le Pavillon Bleu, récompensant le respect des normes environnementales. Le port de Plaisance du Marin ajoute à son palmarès, le Label 5 anneaux ; c’est-à-dire le plus haut niveau de qualité des ports français. Distinction également reçue par un seul autre port : le Port de Gruissan au Salon Nautique de Paris en décembre dernier. C’est dire qu’à travers le Marin, La Martinique se classe en tête en terme de qualité pour la croissance de la navigation de plaisance dans la caraïbe Est. Par ailleurs, je dois ajouter qu’à travers le Marin, la Communauté d’Agglomération de l’espace Sud, avec ses 12 Communes, a adhéré au GEC ODYSSEA qui est une plateforme européenne de coopération entre les ports de plaisance et leur arrière-pays pour le développement et l’attractivité économique.

Je tiens également à souligner la tenue au cours du mois de novembre dernier du Salon des Métiers de l’industrie, du nautisme et de l’Environnement (SMILE) piloté par la Ville et

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l’Espace Sud, destiné à promouvoir l’économie touristique et de plaisance de notre pays. Nous avons eu l’honneur et le plaisir d’accueillir la Mini- Transat La Boulangère 2017, une des plus anciennes épreuves transatlantiques et sportives depuis plus de 40 ans avec une arrivée de près de 78 concurrents sur des bateaux de la classe 6.50. Ce fut pour nous un honneur d’avoir reçu le skipper guadeloupéen Kéni PIPEROL qui a terminé à la 5ème place au classement général.


Ainsi, je propose à mes quatre collègues Maires des Communes voisines de lancer un programme de plantation de 3000 courbarils dans les 3 ans qui viennent. Vous savez, chers amis, l’importance, la signification du courbaril dans l’imaginaire Martiniquais.

Pour terminer ce chapitre, La Martinique se trouve dans une position d’excellence pour la plaisance dans la Caraïbe, néanmoins il faut savoir que pour être une vraie destination il faudrait que nous ayons entre 5000 et 10 000 anneaux d’accueil. Or, la Martinique aujourd’hui ne possède pas plus de 3000 anneaux. Donc il y a de la place pour tout le monde dans cette affaire.

Je dis que si dans les 5, 10 ans, la Martinique ainsi que la Guadeloupe pouvaient avoir chacune entre 5 et 10 000 anneaux, les Antilles deviendraient une destination nautique internationale, incontournable, de premier ordre. Ce n’est pas parole en l’air !

Certains se demandent si le secteur de la Plaisance rapporte. Je peux affirmer que c’est le moteur essentiel du développement du Marin aujourd’hui; ce qui explique le développement commercial, administratif, bancaire, médical

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sur le territoire Marinois, où on peut trouver l’essentiel des services dont à besoin le citoyen. Signalons par ailleurs, qu’une étude présentée le 17 Octobre 2016 par la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Martinique concernant les dépenses des touristes en Martinique (hors restauration et hôtellerie) montrait que sur un total annuel de 75 millions d’euros dépensés dans les commerces de l’Ile, c’est dans la ville du Marin que les visiteurs dépenses le plus avec 27 Millions d’euros. Fort- de-France (plus de 11 Millions), Trois-Ilets (plus de 8 Millions) et Rivière-salée (plus de 5 Millions).

Il est évident que nous devons renforcer nos infrastructures d’accueil pour la plaisance et le nautisme qui sont des éléments essentiels de la croissance bleue, qui est le mot d’ordre de tous aujourd’hui. Mais il faut que je tempère mon optimisme car, « on ne peut marcher en regardant les étoiles quand on a une pierre dans son soulier »

La pierre, c’est la situation économique et sociale de notre pays aujourd’hui.

Il est évident que la Martinique doit faire face à d’énormes difficultés morales, économiques, sociales et politiques dans un contexte national où les dernières élections présidentielles ont bouleversé le panorama politique, mettant en pièce la droite et la gauche (PS et PR). En effet, nous avons cru comprendre que le Président de la République s’intéresse à l’Outre-mer.

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Le Gouvernement a lancé les Assises de l’Outre-mer « qui se veut un temps d’échanges et de réflexion de l’ensemble des ultras marins, l’objectif étant de publier en 2018 une liste de projets concrets pour définir les priorités dans chaque territoire. Des travaux spécifiques devraient être menés dans ces territoires-là, et tout cela devrait aboutir à un livre bleu pour l’avenir ».

Nous vivons donc une période où il est nécessaire que les Martiniquais doivent faire le point sur l’état de leur pays, c’est un tournant qu’il ne faut pas rater.

Je vais prendre le risque, maintenant, de m’aventurer sur un terrain délicat mais j’essaierai de faire appel à mon expérience de vieux médecin qui cherche d’abord un diagnostic avant de proposer un traitement.

Un grand écrivain affirmait que « le danger c’est quand personne ne reconnait les choses telles que l’autre les décrit…..S’il n’y a pas de consensus, le réalisme de l’un devient le fantastique de l’autre ». (Salman RUSHDIE)

Un grand personnage de la Finance disait « pour réussir il faut de l’intégrité, de l’intelligence et de l’enthousiasme, mais si on manque le premier les deux autres vous tuent ». (Warren BUFFET).

Un prophète disait : « couvre la faiblesse de ton frère ou de ta sœur, et Dieu oubliera tes imperfections le jour du jugement ». (Mahomet)

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C’est la raison pour laquelle en tant que plus ancien Maire de la Martinique (ça ne se voit pas sur mon visage !), le vieux routier de la politique et nationaliste déterminé, je répète qu’il faudra changer de braquet, de manière plus moderne ; changer de logiciel, il y a urgence. Aujourd’hui la Martinique est inquiète d’autant plus qu’elle se rend compte qu’elle se dépeuple rapidement, et surtout sa jeunesse est inquiète parce qu’elle ne voit pas très bien dans quelle direction aller, quel cap à suivre… Elle est inquiète parce qu’elle voit son économie paralysée à tous les niveaux. Elle est inquiète parce que chacun se rend bien compte du potentiel du pays en termes de développement sans que rien ne soit fait pour l’exploiter.

Elle est inquiète parce qu’elle n’a plus confiance dans l’avenir de son pays. Il faut dire que globalement, on peut affirmer sans crainte de se tromper que la Martinique aujourd’hui est en déficit de confiance dans son avenir.
Le moment est donc venu de mettre tous nos problèmes sur la table pour arriver à un consensus, trouver le plus petit dénominateur commun pour faire bouger le pays et créer un Choc de Confiance. Un problème bien posé est à moitié résolu !

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Le consensus doit être cherché entre tous les Martiniquais, responsables politiques, responsables économiques ayant pour seul but de « désencailler » la Martinique.
On parle beaucoup de moratoire. Celui d’Aimé CESAIRE en 1981. Mais ce moratoire est caduc depuis fort longtemps. En tout cas évident depuis la révision constitutionnelle de l’Article 73 de la Constitution en 2003.

Mais aujourd’hui, je pense qu’il faut un nouveau moratoire. Un moratoire entre Martiniquais de toutes tendances pour vraiment sortir de l’ornière :

1. Il ne faut pas avoir peur de poser le problème de l’amélioration de nos institutions ; CTM d’accord, le peuple a voté « Vox populi, Vox dei », mais il faudra réexaminer le mode électoral qui est à mon avis à l’origine de tous les dysfonctionnements que nous subissons aujourd’hui.

2.Il faut donner la priorité au développement économique de la Martinique ; nous avons gagné la bataille de l’identité, engageons maintenant la bataille de la crédibilité.

Je vais à nouveau répéter ce que je dis depuis de nombreuses années. Il faut une définition claire du système que nous devons mettre en place pour véritablement « désencailler » la Martinique. Je pense que nous devrons prendre exemple sur les institutions des Iles canaries par rapport à l’Espagne. Le développement économique des canaries repose sur la notion suivante : « les entreprises des

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Canaries doivent avoir les mêmes chances en terme de concurrence que les entreprises de la métropole espagnole ». Cela s’est traduit par un principe de continuité territoriale pour les transports aériens (fret et passagers), les mêmes taux d’intérêt bancaires, les mêmes tarifs de télécommunications, une fiscalité incitative au développement du tissu économique, des aides à l’exportation, des aides au transport inter-iles, la création d’un port franc, tel « Las Palmas à Gran Canaria » et l’encouragement à la diversification de l’agriculture et des productions locales. C’est ce qui explique que les Canaries dont le PIB était largement en dessous du PIB de la Martinique en 1984, date d’entrée de l’Espagne dans la Communauté Européenne, est aujourd’hui très largement au-dessus de celui de la Martinique.

Je dis donc que la définition de la réforme à mener en Martinique, Guadeloupe et peut-être Guyane, c’est que les entreprises de la Martinique doivent avoir les mêmes chances en terme de concurrence que les entreprises de la Caraïbe, voire de la Métropole. C’est à partir de ce dogme de base qu’il nous faut affiner notre stratégie de lutte car il est évident que pour cela il faut des réformes profondes dans tous les domaines. Je regarde Didier LAGUERRE, Maire de la ville de Fort-De- France, je luis dis pour relancer Fort-de-France, il faut du « Duty Free » pour les commerces du centre-ville, un port

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franc pour participer au commerce maritime qui ne peut que se développer dans la Caraïbe. Car aujourd’hui, certes il faut régler les problèmes immédiats, mais il faut penser le moyen terme et le long terme pour répondre aux défis que nous lance le monde moderne. La Martinique et la Guadeloupe sont Collectivités territoriales de la France faisant parties de l’Europe ; leur avenir est dans le monde Caraïbe qui de toute façon sera une région émergente dans les 15, 20 ans qui viennent.

Voilà ce que je voulais dire mes chers amis, concernant mes préoccupations à l’aurore de cette année 2018. Je sais bien que les choses sont excrément difficiles mais je terminerai, une fois n’est pas coutume, par un proverbe Chinois « en eau basse soulève ta robe, en eau profonde passe tout habillé ».

AMORCE ANNÉE DE LA CROISSANCE VERTE 2018 PLANTATION DE COURBARILS (60 ans du PPM)

Enfin, je voudrais terminer en vous affirmant que la ville du Marin ne se focalise pas seulement sur la croissance bleue ; mais elle prend, également, le pari de la croissance verte, puisqu’en 2018, nous lancerons une campagne de reboisement de près de 3000 courbarils sur notre territoire.


Ainsi, je propose à mes quatre collègues Maires des Communes voisines de lancer un programme de plantation de 3000 courbarils dans les 3 ans qui viennent. Vous savez, chers amis, l’importance, la signification du courbaril dans l’imaginaire Martiniquais.

Je formule tous mes vœux de santé, de joie et de courage aux Martiniquaises et Martiniquais pour 2018 !

« Que le ciel nous protège ! » Je vous remercie !


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