COVID19 - Face à une demande grandissante de masques en Martinique et à une insuffisance de moyens humains contre le COVID19.

Certains ont choisi de faire cavalier seul tandis que d’autres ont opté pour actions collectives.


Rédigé le Jeudi 2 Avril 2020 à 18:59 |

La mobilisation se renforce alors qu’un couvre-feu a été instauré le 1er avril sur l’île, entre 20 heures et 5 heures, afin de faire respecter le confinement. Le Préfet Stanislas Cazelles a justifié sa mesure par les «regroupements » nocturnes qui favorisent la propagation du virus.


Avec 128 cas avérés lundi soir, 15 personnes en réanimation et 3 décès, la Martinique est « durement frappée » et « connaît chaque jour une aggravation » du bilan sanitaire lié au coronavirus, a-il alerté.

Mardi soir, trois cas supplémentaires s’ajoutaient à ce bilan, portant à 131 le nombre de cas confirmés sur l’île. «Les regroupements en fin de journée me préoccupent le plus», s’est inquiété le préfet lors de sa conférence de presse. C’est la raison pour laquelle, Il a décidé de «fermer tous les commerces alimentaires au plus tard à 19h».
«Il y a trop de personnes qui vont faire leurs courses trois fois par semaine», «trop de personnes qui continuent à aller trop souvent dans les magasins» pour y retrouver des connaissances, a-t-il déploré, appelant la population à «une évolution » de ses comportements, qualifiés de «phénomène de multishopping».

Pomme de discorde entre la population et les autorités, les masques sont devenus un véritable défi qu’il lui faudra relever dans les prochains jours.
D’un côté, la population réclame des masques et de l’autre les autorités arguent qu’ils ne sont pas indispensables.

Ils sont réservés en priorité aux personnels soignants, font valoir les autorités. Au début de l’épidémie, la Martinique disposait d’un stock de 400.000 masques sur lequel 250.000 ont été débloqués en début de semaine dernière pour satisfaire la demande des professionnels de santé. 

Le stock restant s’élève désormais à seulement 150 000 masques. Une tension qui suscite des inquiétudes même si les autorités promettent la livraison de masques supplémentaires cette semaine par avion. Aucun chiffre fiable n’a pour l’instant été avancé. Autre sujet d’inquiétude, les tests de dépistage.
Préoccupés par l’absence de tests systématiques, des syndicats et des associations martiniquaises ont pour leur part décidé de saisir la justice.
Mais celle-ci les a déboutés. Le tribunal administratif de Fort-de-France a en effet rejeté mercredi leur demande visant à ordonner aux autorités sanitaires dont l’ARS d'instaurer un dépistage systématique du Covid-19 et de procéder à des commandes massives de chloroquine.

Cette décision est intervenue quelques jours après celle prise en Guadeloupe, le 26 mars, par le tribunal administratif de Basse-Terre, enjoignant à l’inverse le CHU et l'ARS de Guadeloupe de commander «en nombre suffisant» des tests de dépistage et des doses de traitement par hydroxychloroquine et azithromycine ». La plainte avait été déposée par le syndicat UGTG.


Dans la foulée, cinq syndicats martiniquais ont immédiatement appelé au droit de retrait au CHUM de la Martinique. Ils réclament des tests de dépistage pour les soignants et les patients résidant dans les Ehpad et les unités de soins de longue durée et un plan pour faire face à la pandémie.

Parallèlement, les initiatives individuelles continuent d’émerger sur l’île. A l’instar de cette jeune start-up martiniquaise qui imprime des visières 3D en plastique destinées aux personnels soignants afin de mieux les protéger des projections du coronavirus lors des consultations.

Idem pour ces quatre enseignants volontaires de la filière pro Métiers de la Mode et du Vêtement qui ont décidé de fabriquer et de livrer plus de 100 masques jetables par jour pour répondre à la demande du CHUM de la Martinique. Près d’un millier de masques devraient être livrés par semaine.
Du côté des industriels, on retrouve en première ligne l’homme d’affaires Bernard Hayot dont le groupe propose gratuitement des solutions hydroalcooliques produites dans ses usines.

Face aux levées de boucliers, le gouvernement tente pour sa part de calmer les esprits sur tous les fronts.

Il a ainsi accepté par un décret, publié le 1er avril, d’accueillir des médecins cubains pour venir en aide aux Outre-mer dont la Martinique, ce qui permettra de combler les « déserts médicaux » de l’île dans ce contexte de pandémie. L’annonce récemment de l’envoi du porte-hélicoptères, Dixmude, a suscité des espoirs vite retombés en l’absence d’informations.
Le porte-hélicoptères devrait quitter Toulon (Var), cette semaine pour acheminer vers les Antilles et la Guyane du matériel médical. Mais des zones d’ombre entourent sa mission malgré les tentatives rassurantes de l’armée.

« Le Dixmude pourrait livrer du fret, soulager les hôpitaux en fonction de leurs configurations, projeter des forces de sécurité entre les départements de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane », fait-on savoir sans aucune autre précision.

Inès PBN


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