6 LA REVOLTE GRONDE DANS LA POLICE...ET LE PREFET VEUT TOUT ETOUFFER ! Par le Naïf Rédaction du Naïf


Rédigé le Jeudi 8 Décembre 2011 à 19:42 |

Rédaction du Naïf: Le Préfet -flic Mancini parti...c'est sous ce titre "grandeur et décadence de la Police nationale à la Martinique" que le bureau Régional du syndicat UNITE / SGP-FO Police fait l'état des lieux du monde de la Police qui se porte pas très bien dans nos eaux. Rien ne va plus. Vont- ils déposer leurs armes et faire grève comme certains policiers l'ont fait dans l'hexagone? Il faut donc attendre. Nous publions donc in-extenso ce constat de police qui fait montre d'un courage exceptionnel en 9 volets titrés par notre rédaction


6. LE MEPRIS POUR LES OFFICIERS DE POLICE NON CAUCASIENS

Comment espérer tirer la quintessence de fonctionnaires n’ayant aucune attache dans un département et qui sont plus préoccupés à chercher leur prochaine destination qu’à penser à combattre la délinquance. En outre, comment accepter que nos collègues métropolitains aient la possibilité, sur un coup de tête pour la plupart, de se dépayser pendant 3 ans, alors qu’un policier martiniquais qui voudrait faire la démarche inverse n’en a pas la possibilité. N’est-ce pas discriminatoire dans un pays qui se veut égalitaire ? Sans compter que beaucoup écourtent leur séjour parce qu’ils n’arrivent pas à s’adapter, laissant un vide en effectif puisqu’ils ne sont pas remplacés immédiatement. Cela ne choque personne que dans une même section, 6 ou 7 fonctionnaires soient appelés à faire valoir leurs droits aux congés bonifiés à la même période, alors que nos collègues domiens travaillant en métropole connaissent de plus en plus de difficultés pour obtenir un congé identique.

Le Président de la République, Monsieur Nicolas SARKOZY a déclaré en 2008 : « La fonction publique doit être à l’image de la société dans laquelle elle est implantée ».Or, c’est au contraire que l’on assiste puisque, ces dernières années, la Police Nationale à la Martinique a subi une véritable mutation. Elle est passée de 0,1% de collègues métropolitains dans ses rangs à 30% aujourd’hui, sans compter qu’en plus de la haute hiérarchie, la hiérarchie intermédiaire a également évoluée dans le même sens. Ainsi, alors que le corps des officiers de police ne cesse de décroitre au niveau national, c’est l’inverse qui se produit localement, où l’on assiste à l’arrivée massive d’officiers de police. Quatre officiers de commandement au quart de nuit de Fort de France, un capitaine de police à la BSU du Lamentin, unité composée de 10 fonctionnaires, alors même que le poste n’était pas ouvert à la mutation et qu’il était détenu depuis plusieurs années par un major exceptionnel martiniquais, dont les résultats étaient éloquents.

Nous aurions pu nous taire, mais ce serait faire preuve de lâcheté que de ne pas dire la vérité. La Martinique est devenue une destination pour fonctionnaires en quête d’avancement ou de remerciements pour services rendus. Nous ne donnerons qu’un exemple pour justifier nos affirmations.
Nous avons une compagnie d’intervention (C.D.I) qui a fait ses preuves lors des différents gros évènements qui ont frappé la Martinique. Elle avait à sa tête un capitaine qui faisait l’unanimité et qui pouvait prétendre à l’avancement au grade de Commandant de Police. Plutôt que de le confirmer à son poste, un Commandant y a été affecté. Or, il s’avère que ce dernier n’a aucune technique ni expérience du maintien de l’ordre. En outre, pendant près de 10 ans, il était détaché syndicalement. Dès son arrivée, celui-ci a tenu à s’entourer d’un capitaine et d’un lieutenant de sa connaissance. Résultat, un capitaine vient d’arriver de métropole puis se sera le tour du Lieutenant. Visiblement à ses yeux, il faut croire que les officiers locaux ne sont pas à la hauteur et sont indignes de travailler à ses côtés. Arrivé depuis septembre 2011, ce monsieur revendique déjà le grade supérieur. Grade de Commandant à l’échelon exceptionnel qu’il ne va pas tarder à obtenir puisque la Martinique est devenue un lieu de villégiature et de promotion pour les gradés venus d’ailleurs.
Dans l’article de référence, nous faisions allusion à l’élimination systématique des gradés antillais de tous les postes de direction. Nos affirmations avaient été démenties par le Préfet de l’époque. 5 ans après où en est la situation ?

Il n’y a plus aujourd’hui qu’un seul chef de service Martiniquais, au lieu de 3 en 2005, il est à la tête de la circonscription du Lamentin. Pour combien de temps encore ? Pas pour très longtemps, puisque des bruits circulent sur son éventuel remplacement par un commissaire de police. Or, à ce jour, avec 9 commissaires pour à peine 670 policiers, tous corps confondus, la Martinique est le département le mieux pourvu de France avec un ratio (Commissaire/gardiens de la paix) de 1 pour 70. Ce chiffre est faramineux lorsque l’on sait que le corps des commissaires est passé de 2250 à 1600 en 5 ans. Inutile de dire que l’élimination du seul chef de service martiniquais provoquerait une nouvelle flambée de la délinquance car il faut près de 3 ans pour que quelqu’un commence à bien comprendre et à maitriser les spécificités d’un lieu. Or au moment où ce dernier commence à appréhender les rouages et le fonctionnement de son secteur d’activité, il faut qu’il parte et ainsi de suite. (Un turn-over bien huilé) Jusqu’à ce jour, tant bien que mal, la dégradation, en terme de délinquance en l’occurrence, était maintenue car ces Commissaires pouvaient s’appuyer sur des Commandants de Police Martiniquais, ce qui ne sera plus le cas dans un futur proche, car comme nous venons de le dénoncer, les Commandants et Capitaines de Police promus sont de plus en plus des métropolitains… de passage.

Parce que nous osons parler aussi ouvertement, nous sommes taxés de racisme voire même de xénophobie, ce qui n’est point le cas. Mais ignorer la réalité c’est se moquer totalement du devenir de notre île. Il y a des évidences que l’on ne peut nier.
Aujourd’hui, la quasi totalité de la hiérarchie est composée de fonctionnaires en séjour. Le corps de gardien de la paix a été porté en moins de 9 ans, à 30% de collègues en séjour qui, pour la plupart se soucient plus de leurs bateaux de plaisance que des délinquants à interpeller et l’on s’étonne de la montée de la délinquance. Quand on sait par ailleurs que, 99 % des gendarmes sont métropolitains, également en séjour, comment être surpris par les résultats désastreux qui nous frappent ?

De plus, alors que nous envoyons en métropole, dans les différentes fonctions publiques, la quintessence de notre peuple, à savoir notre jeunesse, qui aujourd’hui subie les pires affronts, blocage de 5 voir 8 ans avant de pouvoir solliciter une mutation dans leur département d’origine, interdiction dans certains services de discuter entre domiens, limitation de leur nombre dans la plupart des commissariats, sauf bien entendu dans ceux des secteurs chauds de la Région Parisienne. Dans certains services, le racisme est pratiqué en plein jour, ex : le CIC 93.
A la Martinique au contraire, on favorise les regroupements de nos collègues métropolitains, dans les mêmes services où communes où ils se côtoient quotidiennement en groupuscules organisés. Le tutoiement est de rigueur entre tous grades confondus (gardiens de la paix, Officiers et Commissaires de police).

On assiste également à des aberrations insupportables : tels ces fonctionnaires exempts de voie publique ou dispensés de service à 80% que l’on a du mal à placer. Nous sommes également outrés que notre administration flatte nos collègues en séjour pour qu’ils acceptent de prolonger d’un an leur contrat. La Martinique n’a pas besoin de cela, elle a besoin de gens qui l’aiment et qui ont envie de s’investir. C’est pour cette raison que nous exigeons le retour à l’ancien système de mutation qui privilégiait l’ancienneté de la demande, dans lequel nos collègues métropolitains qui souhaitent vraiment notre destination auraient toute leur place. La destination Martinique ne doit plus être un choix effectué par dépit, parce que ça ne va pas avec sa femme ou son mari ou que l’on a un problème avec un chef de service ou simplement parce que l’on souhaite se dépayser pour un temps.
Que dire de ces collègues qui se mettent en maladie, jusqu’à ce qu’ils obtiennent leur retour dans l’hexagone et qui finissent par avoir satisfaction ?
Que dire encore de ceux qui après un premier séjour de 4 ans au cours duquel ils se sont arrêtés pendant deux ans en maladie, pour qui un avis défavorable a été émis pour une année de prolongation et qui finissent par bénéficier d’un second séjour, un an plus tard puis après 3 mois de présence dans le département, évoquent une opération suite à une blessure en service vieille de plusieurs années pour retourner en Métropole se faire opérer tout en conservant les 40% de vie chère. Excellent calcul n’est-ce pas ?
Mais pendant ce temps, ce sont autant de fonctionnaires qui sont comptés dans les effectifs de la Martinique alors qu’ils ne sont pas physiquement présents sur la voie publique de notre belle Martinique à traquer les crimes et délits pour le bien être de tous, comme leurs collègues Martiniquais.

A l’heure où l’on nous parle de problèmes budgétaires pour justifier tous les manquements, comment comprendre que l’on indemnise certains gradés arrivés en fin de séjour, en leur payant des frais de transport et de déménagement pour femme et enfants qui n’ont jamais séjournés dans le département ? Nous aimerions bien avoir des réponses à cette interrogation.
Alors que l’on évoque également des raisons budgétaires pour expliquer le non respect de la parole donnée concernant la construction d’un hôtel de Police à Fort de France, comment comprendre que dans le même temps, des sommes colossales soient dépensées pour faire de la Résidence Préfectorale un petit palace et de la Préfecture un petit Versailles.

Il a fallu les déclarations inacceptables de Monsieur Yves DESPOINTES sur « le bien fondé de l’esclavage » pour que la population apprenne que le Préfet était logé chez ce dernier, dans une location coûtant 14 000 euros mensuel au contribuable. Comme nous le disions supra, alors que des centaines de jeunes martiniquais attendent en métropole une hypothétique mutation, l’administration tente, aidée en cela par l’organisation syndicale ALLIANCE POLICE NATIONALE, de pérenniser le corps des adjoints de sécurité, afin de disposer d’une police au rabais, qui sera malléable et corvéable à souhait. Indubitablement, la création de ce corps aura pour effet d’obstruer totalement la voie du retour au pays. Or actuellement, nos services souffrent déjà terriblement de la mutation qui s’est opérée faisant que dans la plupart des secteurs, un gardien de la paix se retrouve seul en compagnie de 3 ADS, sachant que les textes limitent l’action de ces derniers. Il ne faudra pas être surpris si dans les mois à venir, d’autres policiers viennent gonfler la liste des 50 suicidés que nous connaissons annuellement dans la Police Nationale !
Nous comprenons la colère légitime de certains de ne concitoyens qui parfois se plaignent de la lenteur des services de police sur certaines interventions.

Toutefois, ce qu’il faut savoir, c’est que nos collègues font de leur mieux car dans le même temps que l’on diminue de façon drastique leur nombre on accroit de façon exponentielle leurs missions. Ainsi, avec la réforme de la Garde à vue, les véhicules de police se retrouvent fréquemment implantés à l’hôpital, pendant des heures, pour la conduite d’un gardé à vue, car les médecins qui se plaignent de ne pas être payés, refusent de plus en plus de se présenter au commissariat. De la même manière, les difficultés rencontrées dans la gestion des malades mentaux sont aujourd’hui insupportables. En effet, alors que le code de la santé publique dispose qu’un malade mental n’est pas un GAV et qu’il ne doit donc pas séjourner dans un poste de police, il nous arrive d’en garder certains pendant plus de 36 heures, pour obtenir un arrêté du maire puis pour avoir l’assistance d’une ambulance. Le week-end c’est à un véritable parcours du combattant auquel nos collègues doivent se livrer.

On entend ça et là, affirmer qu’il faudra interpeller et conduire au poste tous les jeunes qui se trouvent au pied des immeubles. Très beau discours. Néanmoins, il faut savoir que lorsque nous avons un jeune dans nos services, que nous devons le garder pendant des heures car de plus en plus, les familles refusent catégoriquement de venir les chercher. Parfois, il faut les raccompagner à plus de 50 kilomètres de notre circonscription, sinon ils séjourneraient au commissariat pendant plusieurs jours, en toute illégalité. Mais pendant ce temps, la sécurité ne peut pas être pleinement assurée. Nous ne parlerons même pas des heures pendant lesquelles nos collègues sont contraints d’attendre sur les lieux d’un accident de la circulation, pour qu’un remorqueur daigne intervenir. Après avoir dressé un tableau sans concession, mais encore en deçà de la réalité, de la situation de la Police Nationale à la Martinique, nous allons maintenant peindre celui de la délinquance et de la Justice locale.

A suivre 7 : DE LA DELINQUANCE ET DE LA JUSTICE A LA MARTINIQUE


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